Le Plan d’Épargne Retraite (PER) est devenu un dispositif incontournable pour ceux qui souhaitent préparer leur retraite tout en bénéficiant d’avantages fiscaux attractifs. En permettant de déduire les versements du revenu imposable, le PER offre une véritable opportunité de réduction d’impôt, particulièrement intéressante pour les contribuables soumis aux tranches les plus élevées.
Cependant, la défiscalisation via le PER ne se limite pas à une simple réduction d’impôt immédiate. Pour en tirer le meilleur parti, il est essentiel de comprendre les mécanismes fiscaux liés aux versements, aux plafonds de déduction et aux stratégies de sortie. Dans cet article, nous explorerons comment le PER permet d'optimiser la fiscalité, pour qui cet avantage est le plus pertinent, et quand il est judicieux d’en profiter. En suivant ces conseils, vous pourrez maximiser l’impact fiscal de vos versements, tout en consolidant une épargne pour l’avenir !
Comment fonctionne la défiscalisation avec un PER ?
Le principe de déduction des versements du PER
Les versements effectués sur un Plan d'Épargne Retraite (PER) sont déductibles du revenu global imposable, ce qui permet de réduire le montant de l'impôt sur le revenu. Cette déduction ne doit pas être confondue avec un crédit d'impôt ou une réduction d'impôt : ici, les sommes versées réduisent directement la base imposable et non l’impôt calculé en fin de déclaration.
L’efficacité de cette déduction fiscale dépend donc directement de la tranche marginale d’imposition (TMI) de l’épargnant, soit le taux auquel est imposée la dernière tranche de ses revenus. Par exemple :
- Un contribuable imposé dans la tranche à 30 % bénéficiera d’un avantage fiscal équivalant à 30 % du montant versé sur le PER sous la forme d’une économie d’impôt.
- Pour une personne dans la tranche à 41 %, cet avantage passe à 41 % de chaque euro versé, rendant l’épargne retraite particulièrement avantageuse pour les contribuables les plus imposés.
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Le plafond de déduction des versements du PEREn 2024, les plafonds de déduction des versements sur un PER sont fixés en fonction du statut de l’épargnant :
- Pour les salariés : le plafond correspond à 10 % des revenus professionnels de l'année précédente, avec une limite de 35 194 € en 2024.
- Pour les travailleurs non salariés : le plafond est de 10 % du bénéfice imposable de l’année précédente, dans la limite de 35 194 € en 2024, avec une option supplémentaire de 15 % pour les bénéfices compris entre 43 992 € et 351 936 €.
Si une partie de ce plafond n’est pas utilisée, il est automatiquement reporté sur les trois années suivantes. Cette flexibilité est avantageuse en cas de fluctuation des revenus : une part de plafond non utilisée peut être appliquée ultérieurement, permettant de maximiser la déduction sur des revenus plus élevés dans le futur.Lire aussi : Quels sont les différents plafonds du PER ?Exemple de calcul de l’économie d’impôt du PERPrenons l’exemple d’un contribuable dans la tranche marginale d’imposition à 30 % qui verse 5 000 € sur son PER en 2024. Grâce à la déduction fiscale, cet épargnant peut réduire son revenu imposable de 5 000 €. L’économie d’impôt résultante sera donc de :5 000 € x 30 % = 1 500 €Ainsi, le contribuable bénéficiera d’une économie de 1 500 €, ce qui représente une incitation significative à épargner pour la retraite.Important : les conséquences fiscales de la déduction des versementsLe fait de déduire fiscalement les versements sur un PER n’est pas sans contrepartie. Lorsque les versements sur le PER sont déduits du revenu imposable, cela entraîne une fiscalité plus élevée lors de la sortie du plan. La fiscalité appliquée dépend alors du mode de sortie choisi à la retraite :
*La sortie anticipée est exonérée dans les cas de force majeure (invalidité, décès du conjoint, fin de droits au chômage).
Il est néanmoins possible de mettre en place des stratégies pour optimiser fiscalement la sortie d’un PER dont les versements auraient été déduits.
En tout état de cause, le fait de profiter d’un avantage fiscal aujourd’hui pour une imposition dans plusieurs dizaines d'années peut être avantageux financièrement puisque votre épargne aura eu le temps de fructifier grâce à l’effet levier fiscal. C’est sans compter le fait qu’un éventuel accident de la vie vous permettrait de débloquer votre PER sans supporter ce coût fiscal.
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Quels sont les avantages de la défiscalisation des versements du PER ?
Moduler le montant d’impôt à payer grâce à l’épargne retraite
Grâce à la déduction fiscale offerte par le PER, il est possible de réduire le montant de l'impôt sur le revenu tout en investissant pour la retraite. Plutôt que d'être imposé sur les sommes épargnées, l'épargnant peut ainsi diminuer son revenu imposable, ce qui réduit l'impôt final. Ce mécanisme permet une modulation fiscale efficace, à condition de respecter le plafond de déduction en vigueur.
Ce dispositif est particulièrement intéressant pour les contribuables dans les tranches marginales d’imposition élevées (41 % et 45 %). En profitant du PER, ces épargnants peuvent potentiellement changer de tranche marginale d’imposition en réduisant leur revenu imposable sous certaines limites. Par exemple, un contribuable initialement imposé à 41 % pourrait baisser ses revenus imposables de manière à passer dans la tranche de 30 %, limitant ainsi son impôt tout en épargnant pour la retraite.
Ce mécanisme offre un véritable effet d’aubaine, permettant à l’épargnant de tirer parti d’un système de défiscalisation pour optimiser ses finances personnelles à court terme tout en assurant une meilleure sécurité financière à long terme.
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Profiter d’un effet levier fiscal pour investir à long terme
La déduction fiscale du PER agit comme un levier financier, augmentant le pouvoir d’achat de l’épargnant pour son investissement. Par exemple, en investissant 100 €, un contribuable dans la tranche marginale de 30 % bénéficie d’une réduction d’impôt équivalente, soit 30 €. Cela revient donc à investir 100 € en ne déboursant réellement que 70 €, le fisc "finançant" ainsi 30 % de l’investissement.
Cette situation peut également être interprétée comme une marge de sécurité accrue : l’épargnant peut supporter une éventuelle perte de 30 % sans impact négatif sur ses finances, puisque cet avantage fiscal couvre cette proportion de l’investissement. Même si à long terme, la probabilité de perte est très faible en raison de la tendance haussière historique des marchés financiers, cette marge de sécurité améliore le couple rentabilité/risque de votre épargne retraite.
À qui profite véritablement la défiscalisation du PER ?
L’efficacité de la déduction fiscale des versements sur un PER est directement liée à la tranche marginale d’imposition (TMI) du contribuable, c’est-à-dire le taux d’imposition appliqué à la dernière part de son revenu imposable. Plus cette tranche est élevée, plus le gain fiscal sera important.
Ainsi, la défiscalisation par le PER est particulièrement avantageuse pour les contribuables imposés dans les tranches élevées, soit 30 %, 41 % et 45 %.
Quel est le bon moment pour profiter de la déduction des versements du PER ?
La déduction fiscale des versements sur le PER s’applique pour l’année fiscale durant laquelle le versement a été effectué. Par exemple, un versement réalisé sur le PER en 2024 viendra en déduction des revenus de 2024 et sera donc pris en compte lors de la déclaration de revenus en 2025.
Cela signifie qu'il peut être judicieux d'ajuster ses versements sur le PER en fonction de ses revenus et de sa tranche d’imposition d’une année sur l’autre, afin de maximiser l’avantage fiscal selon sa situation financière.
Faire le point sur sa situation fiscale avant la fin de l’année
Pour optimiser l’utilisation du PER, il est recommandé d’anticiper et d’évaluer sa situation fiscale avant la fin de l’année. Connaître son revenu imposable pour l’année en cours permet de mieux estimer les économies d’impôt potentielles grâce aux versements sur le PER. Cette démarche peut inclure :
- L’évaluation de la possibilité de changer de tranche d’imposition en augmentant les versements sur le PER, ce qui peut faire passer l’épargnant dans une tranche inférieure.
- Le calcul des plafonds de déduction disponibles pour déterminer le montant optimal à verser.
En planifiant bien, il devient possible de réduire efficacement le montant de l'impôt tout en constituant une épargne pour la retraite.Conseil de Goodvest : Pour faire le point sur le montant optimal de votre déduction, vous pouvez utiliser notre simulateur de versements sur un PER.
Exemple de déduction de versement permettant de changer de tranche d’imposition
Pour mieux expliciter nos propos, prenons l’exemple d’un contribuable célibataire avec un revenu fiscal annuel de 90 000 € dont la partie de ses revenus supérieure à 82 342 € est imposée à 41 %. Quels versements doit-il effectuer pour optimiser son imposition et maximiser son avantage fiscal ?
Étape 1 : Calcul du montant à verser pour changer de tranche
- Revenu fiscal du contribuable : 90 000 €
- Seuil de la tranche à 41 % : 82 342 €
Pour ramener le revenu imposable sous le seuil de 82 342 €, le contribuable doit réduire son revenu imposable de :90 000 € − 82 342 € = 7658 €Il devra donc verser 7 658 € sur son PER pour que cette somme soit déduite de son revenu imposable, le faisant ainsi passer dans la tranche marginale à 30 %.
Étape 2 : Calcul de l’économie d’impôt
En versant 7 658 € sur son PER, le contribuable réalise une économie d’impôt correspondant à sa tranche marginale de 41 %, qui s'appliquerait normalement sur cette partie de son revenu.7 658 € × 41 % = 3 140€En versant 7 658 € sur son PER, le contribuable réduit son revenu imposable pour passer de la tranche de 41 % à 30 %, ce qui entraîne une économie d’impôt de 3 140 €. Ce calcul montre l’intérêt d’adapter ses versements en fonction de sa tranche marginale pour optimiser l’avantage fiscal du PER.
Comment optimiser fiscalement la sortie de son PER après avoir déduit les versements ?
Comme nous l’avons vu, lorsqu’un épargnant décide de déduire les versements effectués sur son Plan d’Épargne Retraite (PER) de son revenu imposable, il bénéficie d’un avantage fiscal immédiat. Cependant, cette déduction entraîne une fiscalité différée, qui s’appliquera au moment de la sortie du PER. L’épargnant devra alors s’acquitter d’un impôt sur les sommes retirées, selon le mode de sortie choisi : en capital, en rente viagère ou une combinaison des deux.
Heureusement, il existe aussi des méthodes pour optimiser fiscalement la sortie du PER.
Sortie progressive en capital : une option pour lisser la fiscalité
À la retraite, les revenus ont tendance à diminuer, ce qui peut faire baisser le taux d’imposition. Il est donc possible d’optimiser la sortie du PER en optant pour des retraits progressifs en capital, répartis sur plusieurs années. Cette stratégie permet de :
- Répartir la charge fiscale sur plusieurs années : en échelonnant les retraits, l’épargnant évite de déclarer un montant important sur une seule année, ce qui pourrait le faire passer dans une tranche d’imposition plus élevée.
- Adapter la fiscalité à la baisse des revenus : avec des revenus inférieurs, le contribuable est souvent imposé dans une tranche marginale inférieure, ce qui réduit l’impact de la fiscalité sur les retraits.
Par exemple, un retraité pourrait choisir de retirer un montant limité chaque année pour rester dans une tranche d’imposition inférieure, optimisant ainsi l’impact fiscal de son épargne PER.
La sortie en rente viagère : une option pour lisser le revenu durant toute la retraite
La rente viagère issue d’un PER dont les versements ont été déduits est imposable après un abattement de 10 %.
Toutefois, le montant annuel de la rente viagère en ce qu’elle est versée jusqu’à la mort du souscripteur, est bien inférieur au montant du capital qui aurait été retiré en une fois au jour de la retraite.
Sans tenir compte de son caractère avantageux ou non sur le plan financier (en fonction notamment de l'espérance de vie), la rente viagère répartit mécaniquement la charge fiscale sur plusieurs années évitant potentiellement un changement de tranche qui entraînerait une fiscalité plus forte à la sortie que l’avantage obtenu à l’entrée.
La rente viagère se révèle donc une solution intéressante pour ceux qui souhaitent un revenu régulier et un étalement de la fiscalité sur plusieurs années, voire des décennies (on vous le souhaite). Cela réduit le risque de surimposition et permet de bénéficier de revenus pérennes.