C’était il y a 5 ans, le 12 décembre 2015, que fut signé l'Accord de Paris. Annoncé comme révolutionnaire, 195 pays avaient signé ce premier traité international pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, avec pour objectif de contenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C.
5 ans plus tard un bilan s’impose pour comprendre ce qu’il reste de cet accord, car peut-on affirmer que l’état de la planète s’est amélioré ?
L'évolution ces 5 denières années
Pour répondre simplement : malheureusement non.
Quatre émetteurs sont aujourd’hui à eux seuls responsables de 55% du total des émissions de gaz à effet de serre de la dernière décennie (2009-2019). Il s’agit de la Chine, des États-Unis, de l'Union européenne et de l'Inde. Et cette année ces émissions, qui augmentent depuis trois années consécutives, ont atteint un niveau record avec plus de 59 milliards de tonnes de CO2 émis.
Ainsi, en dépit des 195 pays signataires s’étant engagés à contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, celui-ci continue de progresser, risquant d’atteindre les 3°C, a alerté l’ONU.
L’organisme a publié il y a quelques jours son rapport préliminaire sur le climat pour l’année 2020, et il est plus qu’alarmant.
Le rapport préliminaire sur le climat de l'ONU pour 2020
Le 2 décembre dernier, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, assurait déjà "combien nous sommes proches d’une catastrophe climatique". Et les conclusions du rapport viennent soutenir ses propos, révélant notamment que l’année 2020 serait à fortiori parmi les trois plus chaudes depuis l’ère préindustrielle avec un chiffre effrayant : 1,2 degré Celsius.
C’est combien nous sommes au-dessus de la température moyenne de l’ère préindustrielle. Si l’on continue de suivre la conjoncture actuelle, cela signifie qu’il y a une chance sur cinq que le dépassement de 1,5 degré arrive d’ici 2024.
La crise sanitaire aura peut-être permis une chute importante des émissions de CO2 en 2020, mais malgré cela, "les données préliminaires montrent que les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmentées en 2020" avance le rapport de l’ONU. Car un gaz tel que le dioxyde de carbone reste en réalité des années dans l’atmosphère ce qui cause un décalage dans le temps.
En d’autres termes, le réchauffement d’aujourd’hui est la conséquence des émissions d’hier.
Bien que la version définitive ne soit publiée qu’en mars 2021, le rapport préliminaire de l’ONU fait un point sur les différentes conséquences de la crise environnementale.
Tout d’abord sur la température bien sûr, et comme mentionné plus haut, les températures de janvier à octobre 2020 étaient 1,2°C au-dessus de l’ère pré-industrielle. Cela s’est notamment fait ressentir dans de nombreuses parties du monde, qui ont connu plusieurs vagues de chaleur. La Sibérie a vécu une année particulièrement chaude, et la période janvier-août a été 3,7 degrés au-dessus de la moyenne, battant un record établi en 2007.
Cette hausse des températures s’est également étendue aux océans, dont 82% ont connu en 2020 au moins une vague de chaleur. Cela a également entraîné la perte de 152 gigatonnes de glace entre septembre 2019 et août 2020. C’est ainsi qu’en août 2020, l’Arctique canadien a perdu sa dernière barrière de glace encore intacte jusque-là.
Un autre problème majeur dû à l’augmentation de la concentration de CO2 est l’acidification des océans. C’est un problème de taille car l'océan absorbe environ 23 % des émissions annuelles de CO2 dans l’atmosphère. Cela contribue à atténuer les impacts du changement climatique, mais a un coût écologique élevé puisque cela met en danger les organismes et les services écosystémiques, en affaiblissant par exemple les récifs coralliens qui protègent pourtant le littoral.
Et en 2020, cette acidification a poursuivi sa route.
Enfin, 2020 fut le théâtre de nombreuses catastrophes naturelles, conséquence directe du réchauffement climatique, avec par exemple les incendies ayant ravagé l’Australie entre la fin 2019 et le début de 2020. L’ONU pointe aussi des inondations en Asie et des sécheresses en Afrique du Sud.
Conclusion
Nous sommes donc 5 ans après la signature de l'Accord de Paris, pourtant peu de choses ont évolué dans le sens voulu. Le point de non-retour des 1,5°C de réchauffement climatique se rapproche un peu plus chaque jour, et il en va de notre responsabilité d’agir.
Un levier d’action encore trop souvent négligé est notre épargne, mais il est temps que l’on réalise sa force, et qu’on agisse en conséquence. Que l’on cesse de financer des industries qui détruisent plus notre monde qu’autre chose et qu’on investisse dans les causes qui instaureront une économie respectueuse de l’environnement pour construire un avenir meilleur.