Assurance-vie : comment optimiser sa transmission ?

  • Goodvest
6
November
2024

L'assurance-vie est un outil d'épargne et de transmission de patrimoine extrêmement populaire en France, grâce à sa flexibilité et ses avantages fiscaux. Elle permet non seulement de faire fructifier votre épargne à long terme, mais aussi de transmettre un capital à vos bénéficiaires désignés, souvent avec des conditions fiscales avantageuses par rapport aux successions classiques. Cependant, pour maximiser ces avantages, il est essentiel de bien comprendre les mécanismes de l'assurance-vie et de mettre en place des stratégies d'optimisation.

Cet article vous guide à travers les différentes étapes pour optimiser la transmission de votre assurance-vie, en évitant les erreurs courantes et en profitant pleinement des dispositifs fiscaux disponibles.

Lire aussi : L'assurance-vie expliquée aux nuls : le guide pour débutant

Bref rappel sur l’assurance vie

L'assurance-vie est à la fois un outil d'épargne et un moyen efficace de transmettre son patrimoine. En souscrivant à un contrat d'assurance-vie, vous placez votre argent tout en bénéficiant de divers avantages fiscaux.

  • Épargne et placement : L'assurance-vie permet de faire fructifier votre épargne à long terme de manière optimale et diversifiée
  • Transmission de patrimoine : En cas de décès, le capital constitué est transmis aux bénéficiaires désignés, souvent avec une fiscalité avantageuse par rapport aux successions classiques.
  • Flexibilité : Vous pouvez désigner librement vos bénéficiaires et modifier cette désignation à tout moment. De plus, vous pouvez effectuer des versements ponctuels et/ou réguliers tout comme disposer de tout ou partie de votre épargne sans blocage.
  • Avantages fiscaux : Après huit ans de détention du contrat, les gains bénéficient d'abattements annuels sur les retraits. En cas de décès, les capitaux transmis sont soumis à des abattements spécifiques et des taux d'imposition réduits.

En résumé, l'assurance-vie est un contrat flexible et avantageux pour épargner et transmettre son patrimoine de manière optimisée.

Comment fonctionne la transmission en assurance vie ?

La notion de bénéficiaire 

Un bénéficiaire est la personne désignée par le souscripteur d’un contrat d’assurance-vie pour recevoir le capital constitué en cas de décès de ce dernier. Cette désignation se fait généralement lors de la souscription du contrat, mais peut être modifiée à tout moment par le souscripteur. Le bénéficiaire peut être une personne physique (un membre de la famille, un ami, etc.) ou une personne morale (une association, une fondation, etc.). Le choix du bénéficiaire est crucial, car il détermine qui héritera des fonds investis dans le contrat d'assurance-vie.

Est-il possible de transmettre une assurance-vie de son vivant ?

Non, il n'est pas possible de transmettre directement une assurance-vie de son vivant. Le principe de l'assurance-vie repose sur le fait que le capital constitué est transmis aux bénéficiaires désignés uniquement au décès du souscripteur. De son vivant, le souscripteur peut toutefois effectuer des rachats (retraits) sur son contrat et disposer des fonds comme il le souhaite, mais ces actions ne constituent pas une transmission du contrat en lui-même.

La transmission du capital décès aux bénéficiaires désignés

La transmission du capital décès dans le cadre d'une assurance-vie se distingue des règles de succession classique. À la mort du souscripteur, le capital constitué est versé directement aux bénéficiaires désignés, sans passer par la succession légale. Cela signifie que les fonds ne sont pas intégrés à l'actif successoral et ne sont donc pas soumis aux droits de succession, sauf au-delà de l’abattement fiscal pour les versements après 70 ans de l’assurance-vie. Cette procédure permet une transmission plus rapide et souvent plus avantageuse fiscalement.

Lire aussi : Comment fonctionne le paiement d'une assurance vie en présence de plusieurs bénéficiaires ?

Le régime fiscal de la transmission de l’assurance-vie en cas de décès

La fiscalité de la transmission de l’assurance-vie dépend de l’âge du souscripteur au moment des versements et se divise en deux catégories principales : les versements effectués avant et après 70 ans.

Critère Versements avant 70 ans Versements après 70 ans
Abattement applicable 152 500 € par bénéficiaire 30 500 € global sur l'ensemble des bénéficiaires
Taux d'imposition 0 % jusqu'à 152 500 € puis 20 % jusqu'à 852 500 € et 31,25 % au-delà par bénéficiaire Droits de succession selon le lien de parenté sur le montant excédant l'abattement
Assiette d'imposition Sur les sommes versées (primes) + intérêts et plus-values Uniquement sur les primes versées après 70 ans (les intérêts et plus-values sont exonérés)
Remarques L'abattement et les taux d'imposition s'appliquent individuellement à chaque bénéficiaire L'abattement global de 30 500 € est partagé entre tous les bénéficiaires; les droits de succession appliqués dépendent de la relation bénéficiaire-souscripteur

Lire aussi : Tableau fiscalité assurance-vie succession avant et après 70 ans

Ces dispositifs fiscaux rendent l'assurance-vie particulièrement attractive pour la transmission de patrimoine, en permettant une gestion optimisée des abattements et des taux d'imposition en fonction des versements et des relations entre le souscripteur et les bénéficiaires.

Conseil de Goodvest : Si vous avez bien prêté attention au tableau, vous remarquerez que la fiscalité en cas de décès après 70 ans permet une exonération de la part des gains. Autrement dit, seuls les versements après cette date seront imposables au titre des droits de succession. Il s’agit d’un avantage fiscal intéressant pouvant justifier d’ouvrir une assurance-vie avec un profil audacieux à partir de 70 ans pour maximiser le potentiel de gain profitant de l'exonération d’impôt.

Exemple : comparatif transmission parent enfant avec et sans assurance-vie

Pour bien comprendre l'impact de l'assurance-vie sur la transmission de patrimoine, comparons deux scénarios : l'un avec et l'autre sans assurance-vie. Prenons un exemple chiffré pour illustrer ces situations.

Scénario 1 : Transmission sans assurance-vie

Monsieur Dupont souhaite transmettre 500 000 € à son fils. Dans le cadre d'une succession classique, voici comment les droits de succession sont calculés :

  • Montant de la succession : 500 000 €
  • Abattement applicable : 100 000 € (abattement parent-enfant)
  • Montant taxable : 500 000 € - 100 000 € = 400 000 €

Les droits de succession sont calculés selon le barème suivant :

  • 5 % jusqu'à 8 072 €
  • 10 % entre 8 072 € et 12 109 €
  • 15 % entre 12 109 € et 15 932 €
  • 20 % entre 15 932 € et 552 324 €

Calcul des droits de succession :

  • 5 % sur 8 072 € = 403,60 €
  • 10 % sur 4 037 € = 403,70 €
  • 15 % sur 3 823 € = 573,45 €
  • 20 % sur 384 098 € = 76 813,40 €

Total des droits de succession : 78 194,35 €

Le fils de Monsieur Dupont recevra donc : 500 000 € - 78 194,35 € = 421 805,65 €

Scénario 2 : Transmission via assurance-vie

Monsieur Dupont a souscrit une assurance-vie et y a versé 400 000 €. Il a conservé 100 000 euros en liquide pour profiter de l’abattement parent/enfant de 100 000 €. Voici comment les droits de transmission sont calculés pour les versements effectués avant 70 ans :

  • Montant du total capital transmis : 500 000 €
  • Montant du capital décès en assurance vie :  400 000 €
  • Montant transmis en numéraire : 100 000 €
  • Abattement applicable : 152 500 € par bénéficiaire

Le montant taxable est donc :

  • Pour l’assurance vie : 400 000 € - 152 500 € = 247 500 €
  • Hors assurance-vie : 100 000 € - 100 000 € = 0 € 

Les droits de transmission sont calculés selon le barème spécifique à l'assurance-vie :

  • 0 % jusqu'à 152 500 €
  • 20 % entre 152 500 € et 852 500 €
  • 31,25 % au-delà

Calcul des droits de transmission :

  • 0 % sur 152 500 € = 0 €
  • 20 % sur 247 500 € = 49 500 €
  • Total des droits de transmission : 49 500 €

Le fils de Monsieur Dupont recevra donc : 500 000 € - 49 500 € = 450 500 €

Comparatif des deux scénarios

Sans assurance-vie Avec assurance-vie
Droits de transmission 78 194 € 49 500 €
Montant transmis après imposition 421 805 € 450 500 €

En conclusion, la transmission via une assurance-vie permettrait à Monsieur Dupont de transmettre un montant net plus élevé à son fils, avec des droits de transmission moins élevés par rapport à une succession classique. 

Conseil de Goodvest : À noter que l’avantage est plus important lorsque la transmission n’est pas en ligne directe (un oncle à son neveu par exemple) puisque les droits de succession classique sont beaucoup plus élevés !

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Les stratégies d’optimisation de la transmission d’une assurance-vie

L’exemple précédent montre un usage de l’assurance-vie très banal, sans véritable réflexion en termes d’optimisation. Sachez qu’il est possible d’aller plus loin avec l’assurance-vie pour optimiser votre succession !

Ouvrir plusieurs contrats d’assurance-vie

Ouvrir plusieurs contrats d'assurance-vie peut offrir des avantages significatifs pour la transmission de patrimoine, bien que les avantages fiscaux ne soient pas cumulables entre contrats. Voici pourquoi cela peut être bénéfique :

  • Diversification des bénéficiaires : En ouvrant plusieurs contrats, vous pouvez nommer différents bénéficiaires pour chaque contrat, ce qui permet de personnaliser et de répartir plus efficacement les montants transmis à chacun.
  • Flexibilité de gestion : Avoir plusieurs contrats permet de gérer plus finement les rachats et les versements, en fonction des besoins spécifiques et des opportunités d’investissement.
  • Optimisation fiscale : Même si les avantages fiscaux ne se cumulent pas, il est possible de tirer parti de la fiscalité avantageuse de chaque contrat en fonction des dates de versement et des bénéficiaires.

Lire aussi : Peut-on avoir plusieurs assurances vie ?

Réaliser des versements avant et après 70 ans

Réaliser des versements avant et après 70 ans permet de maximiser les avantages fiscaux offerts par l’assurance-vie.

Versements avant 70 ans :

  • Abattement : 152 500 € par bénéficiaire.
  • Exonération : Les intérêts et plus-values sont exonérés d’impôt jusqu’à 152 500 €.
  • Exemple : Monsieur Dupont verse 300 000 € à 65 ans pour son fils. En cas de décès, son fils bénéficiera d’un abattement de 152 500 €, ne payant des taxes que sur 147 500 €, à un taux de 20 % (soit 29 500 €), recevant ainsi 270 500 € net.

Versement de 30 500 € après 70 ans :

  • Abattement : 30 500 € global sur l'ensemble des bénéficiaires.
  • Exonération : Les intérêts et plus-values générés après 70 ans sont exonérés.
  • Exemple : À 72 ans, Monsieur Dupont verse 35 000 €. En cas de décès, ses bénéficiaires bénéficieront d’un abattement global de 30 500 €, et les 4 500 € restants seront soumis aux droits de succession en fonction de la relation familiale.

En combinant les deux, les héritiers peuvent bénéficier de l’abattement de 152 500 € par bénéficiaire et de l’abattement global de 30 500 €, maximisant ainsi les montants transmis avec une fiscalité allégée.

Lire aussi : Assurance vie 70 ans révolus : quelles conséquences ?

Le démembrement de la clause bénéficiaire

Le démembrement de la clause bénéficiaire consiste à séparer la propriété du capital (la nue-propriété) de son usufruit, permettant ainsi une transmission optimisée du patrimoine. Cette stratégie permet de transmettre le capital tout en assurant un revenu pour un autre bénéficiaire.

Principe :

  • Usufruitier : La personne qui reçoit l'usufruit a le droit de percevoir les revenus générés par le capital (intérêts, dividendes, etc.). Dans le mesure où le capital est fongible (somme d’argent), elle peut s’en servir, mais elle devra le restituer en totalité au nu-propriétaire.
  • Nu-propriétaire : La personne qui reçoit la nue-propriété devient propriétaire du capital, mais ne peut pas en percevoir les revenus tant que l'usufruitier est en vie. À la fin de l'usufruit (souvent au décès de l'usufruitier), le nu-propriétaire récupère la pleine propriété du capital.

Exemple : Monsieur Martin souhaite organiser la transmission de son assurance-vie. Il désigne sa femme comme usufruitière et ses enfants comme nus-propriétaires. Au décès de Monsieur Martin :

  • Sa femme, en tant qu'usufruitière, perçoit les revenus générés par le capital de l'assurance-vie.
  • Ses enfants, en tant que nus-propriétaires, ne peuvent pas toucher au capital tant que leur mère est vivante. À son décès, ils récupèrent la pleine propriété du capital sans avoir à repasser par une nouvelle succession.

Cette approche présente plusieurs avantages :

  • Protection du conjoint : Le conjoint survivant peut continuer à percevoir un revenu, assurant ainsi sa sécurité financière.
  • Optimisation fiscale : Le démembrement permet souvent de réduire la base taxable de la succession, car l'usufruit et la nue-propriété sont évalués séparément. La valeur de l'usufruit diminue avec l'âge de l'usufruitier, réduisant ainsi l'assiette fiscale.
  • Transmission anticipée : Les enfants bénéficient de la transmission de la nue-propriété, leur garantissant la récupération du capital à terme sans nouvelle taxation​​

En conclusion, le démembrement de la clause bénéficiaire est une stratégie patrimoniale efficace pour protéger les intérêts financiers du conjoint survivant tout en optimisant la transmission du capital aux enfants.

Lire aussi : Clause bénéficiaire démembrée d'assurance vie : le guide complet

Profiter des abattements sur les droits de succession

Dans une stratégie patrimoniale, il est essentiel de maximiser les abattements sur les droits de succession.

  • Abattement parent-enfant : Chaque parent bénéficie d’un abattement de 100 000 € par enfant, renouvelable tous les 15 ans.
  • Stratégie : Assurer que ces abattements sont utilisés au maximum lors de la succession. Par exemple, des donations régulières dans la limite de l’abattement peuvent réduire significativement la base taxable de la succession.
  • Exemple : Monsieur Dupont et sa femme peuvent transmettre ensemble 200 000 € à chaque enfant sans droits de succession. En planifiant judicieusement leurs donations et la répartition de leur patrimoine, ils optimisent les avantages fiscaux et réduisent les coûts pour leurs héritiers.

En appliquant ces stratégies, il est possible de maximiser la transmission du patrimoine tout en minimisant les coûts fiscaux, offrant ainsi une protection financière optimale pour les bénéficiaires.

Conseil de Goodvest : Il existe d’autres abattements en fonction du lien de parenté.

Les erreurs à éviter en matière de succession avec une assurance-vie

La transmission de patrimoine via une assurance-vie offre de nombreux avantages, mais certaines erreurs peuvent réduire ces bénéfices ou même engendrer des conflits. Il faut donc éviter à minima ces deux erreurs.

Une mauvaise gestion des bénéficiaires

Une désignation incorrecte ou incomplète des bénéficiaires peut entraîner des complications juridiques et fiscales : 

  • Omission de bénéficiaires : Ne pas nommer de bénéficiaires spécifiques peut entraîner l’intégration des fonds de l’assurance-vie dans la succession légale, annulant ainsi les avantages fiscaux.
  • Désignation imprécise : Utiliser des termes vagues comme "mes enfants" sans plus de précisions peut créer des ambiguïtés, surtout si des enfants naissent après la rédaction du contrat.
  • Non-actualisation des bénéficiaires : Ne pas mettre à jour les bénéficiaires après des événements majeurs (mariage, divorce, naissance, décès) peut entraîner des situations non souhaitées, comme l'exclusion de nouveaux membres de la famille ou l'inclusion d'ex-conjoints.
  • Cas des bénéficiaires mineurs : Désigner des mineurs sans prévoir de tuteur ou de structure de gestion peut compliquer la gestion des fonds jusqu’à leur majorité.

Lire aussi : Est-il possible d'ouvrir une assurance vie à un enfant mineur ?

Pour éviter ces erreurs, il est crucial de :

  • Préciser clairement chaque bénéficiaire (nom, prénom, date de naissance).
  • Réviser régulièrement la clause bénéficiaire, surtout après des changements familiaux.
  • Consulter un conseiller financier ou un notaire pour rédiger et mettre à jour les clauses bénéficiaires.

Utiliser l’assurance-vie pour déshériter un héritier

Il peut être tentant d’utiliser l’assurance-vie pour contourner les règles de la succession légale et déshériter un héritier, mais cela comporte des risques juridiques et éthiques :

  • Réserve héréditaire : En France, la loi protège certains héritiers (les héritiers réservataires comme les enfants) en leur garantissant une part minimale de l’héritage. Si les primes versées sur l’assurance-vie sont jugées "manifestement exagérées" par rapport au patrimoine total, elles peuvent être réintégrées dans la succession pour respecter la réserve héréditaire.
  • Contentieux : Les héritiers déshérités peuvent contester le contrat d’assurance-vie devant les tribunaux, entraînant des frais juridiques et des délais de règlement de la succession.
  • Entraîner des conflits familiaux : Déshériter un héritier via l’assurance-vie peut créer des tensions et des conflits au sein de la famille, nuisant aux relations personnelles.

Pour éviter ces complications :

  • Respectez les règles de la réserve héréditaire en évitant de verser des primes manifestement exagérées.
  • Consultez un notaire pour vous assurer que votre stratégie de transmission respecte la législation en vigueur et minimise les risques de contestation​​​​.

Lire aussi : Héritier lésé, comment contester une clause bénéficiaire d'assurance-vie ?

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