Le médecin, qu’il soit généraliste ou spécialisé, dispose d’un régime de retraite particulier en raison de son activité libérale. Dans cet article, nous abordons les clés de la préparation à la retraite pour les médecins, en décryptant le système de retraite actuel, les conditions de départ et les options disponibles pour augmenter leur pension. Nous explorerons diverses stratégies d'investissement pour se constituer un complément de retraite solide, garantissant ainsi aux médecins généralistes la possibilité de maintenir leur niveau de vie une fois leur carrière achevée.
Le fonctionnement de la retraite d’un médecin
Pour composer sa retraite, tout médecin cotise auprès de la Caisse Autonome de Retraite des Médecins Français (CARMF). Cette caisse spécifique gère trois régimes de retraite distincts :
- La CNAVPL (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse des Professions Libérales) s'occupe de la retraite de base. Elle est le fondement de la retraite pour tous les professionnels libéraux, y compris les médecins.
- La RCV (Régime Complémentaire Vieillesse) apporte une couche supplémentaire à la retraite d’un médecin, offrant une prestation complémentaire indispensable pour garantir un niveau de vie confortable après la carrière active.
- L’ASV (Allocations Supplémentaires Vieillesse), représente un avantage supplémentaire, réservé aux médecins conventionnés.
Le régime de base de retraite d’un médecin
Le régime de base de la retraite pour médecins repose sur un système de points, applicable indistinctement aux médecins généralistes comme aux spécialistes. Chaque tranche de revenus professionnels cotisée donne droit à un certain nombre de points, qui sont ensuite convertis en prestations annuelles au moment de la retraite.
Avant le 31 décembre 2003, l'acquisition de points pour la retraite fonctionnait sur un principe forfaitaire, où chaque trimestre de cotisation était récompensé par l'attribution de 100 points. Cependant, à partir du 1er janvier 2004, le système a évolué pour adopter une approche plus personnalisée : désormais, le nombre de points attribués est déterminé en fonction des cotisations effectives, elles-mêmes basées sur les revenus du médecin.
Au 1er janvier 2024, la valeur du point est de 0,6399 €, une valeur régulièrement revalorisée pour tenir compte de l'inflation et de l'évolution des standards de vie.
Pour illustrer le mécanisme d'acquisition des points :
- Tranche 1 : Pour 46 368 € de revenus maximum, le taux de cotisation est de 8,23% et un médecin acquiert 525 points annuels.
- Tranche 2 : Au-delà, chaque tranche de 9 273,60 € de revenu donne droit à un point supplémentaire, jusqu'à un maximum de 25 points. Le taux de cotisation est de 1,87%.
La retraite annuelle correspond donc au nombre de points acquis multiplié par la valeur du point déterminée au 1er janvier de l’année.
Exemples :
Un médecin cotise sur la base d'un revenu de 100 000 € en 2024.
- Cotisation tranche 1 :
46 368 x 8,23 % = 3 816,09 €
- Cotisation tranche 2 :
100 000 x 1,87 % = 1 870 €
- Nombre de points acquis :some text
- Sur la tranche 1 = 525 x (3 620€ / 3 620 €) = 525 points.
- Sur la tranche 2 = 25 x (1 870 € / 4 335 €) = 10,78 points.
- Total : 535,78 points.
Le régime complémentaire de retraite des médecins
Les médecins libéraux en France jouissent d'un régime de retraite complémentaire géré par la CARMF appelé Régime Complémentaire Vieillesse, auquel l’affiliation est obligatoire. Ce régime représente une composante cruciale de leur protection sociale, leur garantissant une retraite complémentaire sous certaines conditions, notamment d'âge.
La pension de retraite complémentaire pour les médecins est déterminée par une formule spécifique : elle équivaut au produit du nombre total de points accumulés (que ce soit par cotisation, rachat, ou achat de points) par la valeur annuelle de ces points. Ce calcul peut également inclure un coefficient d'anticipation ou d'ajournement, selon le cas.
La valeur d’un point en 2024 a été fixée à 75,25 €.
Pour accumuler des points dans le cadre de ce régime, chaque médecin peut gagner 1 point par tranche de revenu équivalent à 1/10ème du plafond des revenus de cotisations, avec un plafond de 10 points par an. Ainsi, pour cette année 2024, un point était accordé pour chaque tranche de 16 229 € de revenu, avec un arrondi au centième de point le plus proche pour le calcul final.
Exemple :
Prenons l'exemple d'un revenu annuel de 100 000 € en 2024. Le calcul du nombre de points serait le suivant :
100 000 / 16229 = 6,16 points.
Il convient de souligner que des majorations peuvent être appliquées en cas de prolongation avant le départ à la retraite :
- 1,25 % par trimestre de report entre 62 et 65 ans ;
- 0,75 % par trimestre de report entre 65 et 70 ans.
L'Allocation Supplémentaire Vieillesse (ASV)
L'ASV représente un dispositif essentiel dans le paysage de la retraite des médecins en France. Obligatoire pour les médecins conventionnés et facultative pour les non-conventionnés, elle constitue une couche supplémentaire de protection financière pour ces professionnels de santé.
Le montant de la retraite ASV pour les médecins est déterminé en multipliant le nombre total de points acquis par la valeur annuelle du point de retraite.
Pour l'année 2024, le mécanisme d'acquisition des points fonctionne comme suit : ils bénéficient de 27 points de base, auxquels s'ajoute 1 point supplémentaire pour chaque tranche de 7 925,44 € de revenus, avec une limite de 9 points additionnels au maximum. La valeur d'un point pour l'ASV a été fixée à 11,71 € en 2024.
Exemple :
Pour illustrer ce calcul, considérons un revenu annuel de 100 000 € en 2024.
Le nombre de points acquis serait de 27 points de base plus une addition calculée par la division de 100 000 € par 7 925,44 €, résultant en un total de 39,62 points pour l'année (27 + (100 000 / 7 925,44) = 39,62).
Comme pour le régime complémentaire des retraites des médecins, des majorations peuvent être appliquées en cas de report de retraite :
- 1,25 % par trimestre de report entre 62 et 65 ans ;
- 0,75 % par trimestre de report entre 65 et 70 ans.
Quel serait le montant de la pension de retraite d’un médecin ?
Calculer le montant de la pension de retraite d’un médecin peut sembler complexe au premier abord, compte tenu des différents régimes auxquels il cotise. Toutefois, la formule de base reste simple et directe : il s'agit d'additionner les montants obtenus à travers les trois régimes – la retraite de base, la retraite complémentaire, et l'allocation supplémentaire vieillesse.
Pour ceux qui souhaitent obtenir une estimation personnalisée de leur pension de retraite, la CARMF met à disposition un outil précieux : l'espace eCARMF. Cet espace personnel offre aux médecins un accès facile et sécurisé à toutes les informations relatives à leurs cotisations retraites. Plus qu'un simple portail d'information, l'espace eCARMF permet de réaliser des simulations détaillées de retraite, offrant ainsi une prévisualisation précise de la pension en fonction de différents âges de départ à la retraite.
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À quel âge un médecin peut-il prendre sa retraite ?
L'âge de départ à la retraite pour un médecin est influencé par plusieurs facteurs : son année de naissance ainsi que le total des trimestres pour lesquels il a versé des cotisations. Pour prétendre à une retraite à taux plein, un médecin doit avoir cotisé un nombre de trimestres variant entre 160 et 172, ce nombre fluctuant selon l'année de naissance du praticien.
Trouvez ci-dessous un tableau synthétique présentant à la fois l'âge minimum requis pour partir à la retraite ainsi que l'âge nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein en tant que médecin :
Source : CARMF
Il existe différents scénarios de départ à la retraite :
Retraite à taux plein : L'âge minimum de départ à la retraite et le nombre de trimestres cotisés nécessaires pour bénéficier du taux plein dépendent de votre année de naissance. Obtenir sa retraite à taux plein garantit de percevoir l'intégralité de sa pension sans décote.
Retraite avec décote : Si vous envisagez de prendre votre retraite avant d'atteindre l'âge de départ à taux plein sans avoir cotisé le nombre de trimestres requis, votre retraite de base subira une décote. Cette réduction est de 1,25 % pour chaque trimestre manquant, dans la limite de 20 trimestres.
Retraite avec surcote : Pour ceux qui ont cotisé plus de trimestres que le nombre requis, la retraite de base est majorée pour chaque trimestre supplémentaire cotisé après le 1er janvier 2004 et après avoir atteint l'âge minimal de départ à la retraite. Cette majoration, définitive, s'élève à 0,75 % par trimestre accompli avant le 1er septembre 2023 et à 1,25 % par trimestre au-delà de cette date. La surcote représente une incitation à prolonger l'activité au-delà de l'âge minimal de retraite, augmentant ainsi le montant de la pension.
Construire un complément de retraite : quelles options pour les médecins ?
À la retraite, il est commun de constater une baisse du niveau de revenus. Pour un médecin habitué à un certain train de vie, il devient crucial de trouver des moyens pour maintenir son standard de vie post-carrière. Bien que la poursuite de l'activité professionnelle au-delà de l'âge légal puisse offrir une surcote et donc augmenter le montant de la retraite, il existe des méthodes plus stratégiques et moins contraignantes pour sécuriser financièrement sa retraite.
Investissement immobilier et SCPI : Investir dans l'immobilier ou dans des Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI) représente une option attractive. Grâce à l'effet de levier du crédit, il est possible de se constituer un patrimoine immobilier générant sur le long terme des loyers mensuels. Ces revenus locatifs servent alors de complément de revenu pendant la retraite.
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Le Plan Épargne Retraite (PER) : une solution à privilégier
Le PER se présente comme une solution particulièrement adaptée pour les médecins souhaitant anticiper la baisse de leurs revenus à la retraite. En permettant des versements libres et réguliers, le PER aide à constituer une rente ou un capital utilisable lors du départ en retraite. L'avantage fiscal associé à ces versements, qu'ils soient effectués à titre personnel ou par l'intermédiaire d'une société, est non négligeable, puisqu'il permet une réduction de l'imposition sur le revenu ou sur les sociétés.
A noter : Le transfert d'un contrat de retraite préexistant, tel que le Madelin, vers un Plan Épargne Retraite (PER) est entièrement réalisable. Le PER se distingue par des avantages significatifs, offrant la possibilité de récupérer l'épargne sous forme de capital et pas seulement sous forme de rente. De plus, ce plan se caractérise par une plus grande flexibilité, les versements étant libres et non contraints par des obligations.
Goodvest propose un PER distinctif, axé sur la responsabilité et l'impact environnemental. En choisissant d'investir dans des fonds rigoureusement sélectionnés pour leur impact positif sur l'environnement, Goodvest ne se contente pas de viser des performances financières attractives ; l'entreprise s'engage également en faveur de la transition énergétique. Ce positionnement unique fait du PER Goodvest une option de choix pour les médecins conscients des enjeux environnementaux et désireux de concilier préparation de leur retraite et investissement responsable.