Les ETF climatiques sont-ils vraiment à la hauteur de la crise écologique actuelle ?

  • Gabriel - Rédacteur Goodvest
9
October
2024

Alors que la finance verte attire de plus en plus d’investisseurs, beaucoup se demandent si ces produits sont réellement capables de financer la transition vers une économie bas-carbone. Les ETF alignés sur l'Accord de Paris, les Paris-Aligned Benchmarks (PAB) et les Climate Transition Benchmarks (CTB), se présentent comme des solutions prometteuses. Mais que se cache-t-il derrière ces acronymes ? 

L’étude 2024 de Goodvest dresse un état des lieux des performances réelles de ces fonds, révélant un contraste saisissant entre leurs promesses et leurs résultats. On vous propose une analyse approfondie de cette étude pour comprendre si les ETF climatiques peuvent vraiment tenir leurs promesses face à l'urgence écologique.

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L’étude Goodvest 2024 sur les ETF PAB et CTB soulève une question cruciale : ces fonds peuvent-ils réellement contribuer à la transition écologique ? 

En analysant les indicateurs financiers et environnementaux de ces benchmarks, cette étude dévoile les limites et potentiels des ETF climatiques, notamment à travers les Paris-Aligned Benchmark (PAB) et Climate Transition Benchmark (CTB). Cet article vise à résumer de manière pédagogique les principaux enseignements de l’étude tout en mettant en lumière les défis liés au financement de la transition écologique par les fonds indiciels.

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Contexte et importance de l’étude

L’Accord de Paris, adopté en 2015, vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Il a placé la finance au cœur de cette transformation, notamment via la mobilisation des flux financiers pour soutenir des projets durables. Face à l’urgence climatique, les investisseurs cherchent de plus en plus à aligner leur épargne sur des critères environnementaux. Les fonds indiciels, ou ETF (Exchange Traded Funds), ont gagné en popularité grâce à leur accessibilité et leur coût réduit. Ces instruments permettent aux particuliers d’investir dans des portefeuilles diversifiés, mais leur capacité à véritablement financer la transition écologique reste une question ouverte.

Les benchmarks PAB et CTB, créés en 2019 par l’Union européenne, visent à aligner les portefeuilles d’investissements sur les objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Mais sont-ils suffisamment exigeants pour soutenir cette transition ?

Résultats clés de l’étude

L’étude menée par Goodvest a analysé 122 fonds d’investissement, dont 98 PAB et 23 CTB, représentant un total de 67,8 milliards d’euros d’encours sous gestion. Elle s’est concentrée sur plusieurs indicateurs clés : l’empreinte carbone, la trajectoire de réchauffement climatique, l’exposition aux énergies fossiles, et la contribution des entreprises à la transition énergétique.

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1. Trajectoire de réchauffement climatique

Un des résultats majeurs est que très peu de fonds respectent les objectifs de l’Accord de Paris. Seuls 5 % des fonds PAB et 9 % des fonds CTB analysés affichent une trajectoire de réchauffement inférieure à 2°C, l'objectif fixé par l’Accord de Paris. En moyenne, la trajectoire des fonds PAB se situe à 2,9°C et celle des CTB à 3,1°C. Ces chiffres montrent que, bien que les indices climatiques soient plus performants que les indices traditionnels, ils ne sont pas encore alignés sur les objectifs climatiques.

2. Exposition aux énergies fossiles

Malgré leur vocation écologique, 68 % des fonds PAB et 87 % des fonds CTB sont encore investis dans des entreprises liées aux énergies fossiles. Cette contradiction soulève des questions sur l’intégrité des benchmarks climatiques. L’étude révèle également que certaines entreprises, bien qu’impliquées dans les énergies fossiles, suivent une trajectoire de réchauffement compatible avec l'Accord de Paris grâce à des plans de transition énergétique ambitieux. Cela montre que l’exclusion automatique des entreprises fossiles ne garantit pas nécessairement un alignement avec les objectifs climatiques. Une analyse plus nuancée de la stratégie de décarbonation de ces entreprises est essentielle pour évaluer leur impact réel.

3. Contribution à la transition écologique

L’empreinte carbone des fonds PAB est en moyenne de 97,5 tCO2e/M€ et celle des fonds CTB de 105,5 tCO2e/M€, une légère amélioration par rapport aux indices classiques, mais encore insuffisante pour véritablement financer la transition écologique. De plus, la contribution des entreprises à cette transition est mesurée à travers les émissions économisées. Les fonds PAB permettent d’économiser en moyenne 12,47 tCO2e/M€ et les CTB 10,04 tCO2e/M€, des chiffres qui restent modestes. Cette faible contribution met en évidence la nécessité pour les ETF de rediriger les capitaux vers des secteurs clés ayant un fort potentiel de décarbonation.

4. Limites des benchmarks climatiques

L’étude met en évidence plusieurs limites dans la construction des indices PAB et CTB. D’abord, ces indices se concentrent principalement sur la réduction de l’intensité carbone, c’est-à-dire la quantité de CO₂ émise par unité de revenu. Cependant, cette approche peut masquer une augmentation des émissions absolues, ce qui va à l’encontre des objectifs climatiques. De plus, l’absence de critères stricts pour les nouveaux projets fossiles pose question, alors même que le consensus scientifique appelle à l’arrêt immédiat de ces projets.

Il est également important de noter que l'étude montre des disparités géographiques dans les trajectoires climatiques. Les fonds investis en Europe tendent à mieux respecter les objectifs de l’Accord de Paris, tandis que ceux investis en Asie, notamment en Chine et dans les pays émergents, affichent des trajectoires de réchauffement plus élevées. Ces différences régionales soulignent l'importance de prendre en compte les spécificités géographiques dans l'analyse de l'impact environnemental des fonds.

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Les fonds PAB et CTB sont-ils suffisants ?

Malgré ces limites, les benchmarks PAB et CTB apportent plusieurs améliorations par rapport aux indices traditionnels. Par exemple, l'empreinte carbone des indices PAB est 44 % inférieure à celle des indices classiques comme le MSCI World, ce qui montre que les fonds climatiques peuvent contribuer à réduire l’intensité carbone des portefeuilles d’investissement.

Cependant, l’étude montre que cette réduction de l’empreinte carbone ne se traduit pas toujours par une contribution significative à la transition écologique. En effet, les entreprises faiblement émettrices de CO₂ ne sont pas toujours celles qui participent activement à la décarbonation de l’économie. Certains secteurs comme le transport ferroviaire, bien que plus émetteurs, jouent un rôle clé dans la réduction des émissions globales en remplaçant des modes de transport plus polluants. Cette nuance est essentielle pour comprendre que la simple réduction des émissions ne suffit pas à garantir un impact positif sur la transition écologique.

Le greenwashing et le manque de transparence

Un autre obstacle majeur mis en avant par l’étude est la prévalence du greenwashing dans le secteur financier. Une étude menée par RepRisk dévoile une augmentation de 70 % des cas de greenwashing en 2023 dans les secteurs bancaire et financier par rapport à 2022. Ce phénomène mine la confiance des investisseurs non professionnels, qui cherchent à aligner leur épargne avec des objectifs climatiques. Cela montre que la transparence et l'intégrité des fonds doivent être renforcées pour regagner la confiance des épargnants et soutenir efficacement la transition écologique.

Vers une finance plus responsable

Pour que les ETF climatiques jouent pleinement leur rôle dans le financement de la transition écologique, il est nécessaire d’aller au-delà des simples réductions d’émissions et de s’assurer que les entreprises dans lesquelles ils investissent contribuent réellement à la décarbonation. Cela implique notamment de revoir les critères d’investissement pour exclure totalement les nouveaux projets fossiles et orienter les capitaux vers des secteurs ayant un fort impact sur la transition écologique.

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Conclusion : La mission de Goodvest

Goodvest, à travers cette étude, souligne l'importance de repenser la manière dont les fonds d’investissement sont construits et évalués. Bien que les ETF climatiques, tels que les PAB et CTB, soient un premier pas vers une finance plus durable, ils restent insuffisants pour garantir une trajectoire de réchauffement climatique compatible avec l'Accord de Paris.

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La mission de Goodvest est d’offrir des produits d’épargne véritablement alignés avec les enjeux environnementaux actuels. En tant que fintech engagée, Goodvest s’efforce de proposer des solutions d’investissement responsables, qui non seulement réduisent l’empreinte carbone des portefeuilles, mais contribuent activement à la transition écologique. Grâce à des choix d’investissement rigoureux et à une transparence accrue, Goodvest souhaite jouer un rôle clé dans la réorientation des flux financiers vers des projets durables et innovants, en phase avec les objectifs climatiques.

Ainsi, Goodvest entend démontrer qu'il est possible de conjuguer performance financière et impact positif sur la planète, en permettant aux épargnants de participer activement à la transition écologique tout en faisant fructifier leur capital.

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