Les actualités de la semaine du 6 mai par l'équipe ISR

  • Goodvest
14
May
2024

Du côté de l’investissement responsable

Coupes budgétaires : L'écologie risque de perdre encore un milliard d'euros

Le ministère de la Transition écologique, déjà amputé de deux milliards d'euros de budget en février, risque de perdre au moins un milliard supplémentaire alors que Bercy prépare un nouveau coup de rabot pour réduire le déficit public. Le montant exact, actuellement entre 1 et 1,4 milliard d'euros, est encore en cours de négociations entre Bercy et le ministère de la Transition écologique. 

L'état des finances publiques, avec un déficit public atteignant 5,5% du PIB en 2023, sur fond de croissance ralentie, avait provoqué en février une première annonce de 10 milliards d'euros d'économies sur le budget de l'État en 2024. Cinq milliards seront pris sur les sept milliards de réserves de précaution des ministères, a détaillé mi-avril le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave.

Le budget alloué aux différentes dépenses de la transition écologique, érigé en septembre au rang de "priorité absolue", avait alors perdu plus de 2 milliards d'euros, sur les 7 milliards de hausse initialement obtenus pour 2024.

Ces nouvelles coupes budgétaires, si elles se confirment, risquent d’entraver les efforts en matière de transition écologique et de protection de l’environnement, malgré l’engagement affiché par le gouvernement de faire de ces sujets une priorité nationale. Pour rappel, selon le rapport de Jean-Pisani Ferry et Selma Mahfouz, il faudrait investir 70 milliards d’euros par an pour que la France respecte ses objectifs climatiques de 2030.

Extension d’un champ pétrolier en Seine-et-Marne

Un nouveau projet de forage pétrolier en Île-de-France suscite de vives inquiétudes parmi les défenseurs de l'environnement et les autorités locales. Autorisé discrètement par le gouvernement et la préfecture, l’entreprise Bridge Energies a obtenu le feu vert pour installer deux nouveaux puits de pétrole à Nonville, près de la forêt de Fontainebleau, malgré la loi Hydrocarbures de 2017 visant à interdire l’ouverture de nouvelles exploitations pétrolières.

Ce forage menace directement les ressources en eau potable de l’Île-de-France, cruciales pour la région, avec des risques élevés de contamination aux hydrocarbures. Dan Lert, président d’Eau de Paris, a saisi le tribunal administratif pour tenter d’annuler ces autorisations, évoquant les risques pour la sécurité de l’alimentation en eau de la région.

Les associations locales, telles que l’association Environnement Bocage Gâtinais, critiquent également l’impact potentiel sur la biodiversité et les paysages, le site étant proche d’une zone Natura 2000 et de la forêt de Fontainebleau.

En plus des préoccupations environnementales, la gestion du site par Bridge Energies est mise en cause, avec des incidents survenus lors des fuites en 2022 et un accident survenu lors du transport des hydrocarbures en 2013.

Hydrogène décarboné : le désenchantement

Avec les ambitions gigantesques affichées ces dernières années, le faible nombre de projets d’hydrogène réalisés remet en question l’engouement autour de cette source d’énergie. Bien que l'hydrogène vert, produit par électrolyse de l’eau à partir d’énergies renouvelables, soit crucial pour la transition énergétique, plusieurs défis freinent son développement rapide. Pour rappel, l’hydrogène peut servir à stocker de l’énergie (utile pour les énergies renouvelables compte tenu de leur intermittence), à fabriquer des carburants décarbonés et à remplacer les énergies fossiles dans les secteurs difficiles à décarboner (comme la sidérurgie).

En décembre 2023, l'Hydrogen Council a souligné des "vents contraires" ralentissant le développement de l’hydrogène propre et ses prévisions de croissance ont été revues à la baisse. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a abaissé ses prévisions de 35% pour la production d’hydrogène vert d’ici 2028, prévoyant seulement 45 GW de capacités additionnelles, soit 7% des projets annoncés. De plus, la situation en Europe est encore pire. L’étude Sisyphe du CEA prévoit que la demande en hydrogène électrolytique bas carbone en Europe serait 8 fois moins élevée que les objectifs du plan RepowerEU.

L’hydrogène est nécessaire pour décarboner certaines activités industrielles et pour produire des carburants de synthèse, mais il ne faut pas surestimer son potentiel. Cette source ne constitue qu’une partie de la solution. Produire, stocker et transporter l’hydrogène entraîne des coûts importants auxquels il faut trouver des solutions pour optimiser sa commercialisation. Attention aussi au lobbying fossile qui exploite cette situation pour promouvoir l’hydrogène bleu et gris, produit à partir d’hydrocarbures, mais aussi pour justifier des infrastructures pour le gaz fossile (or les enjeux des deux ne sont pas les mêmes et l’infrastructure gazière n’est pas la plus adaptée pour l’hydrogène). Ce procédé, bien que présenté comme une solution temporaire, pourrait perpétuer la dépendance aux énergies fossiles.

Lire aussi : Quels sont les meilleurs ETF hydrogène ?

Du côté de l’économie et des marchés

La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu son taux d'intérêt à 5,25% ce jeudi, mais le gouverneur Andrew Bailey a laissé entendre qu'une réduction pourrait intervenir dès juin. En effet, bien que l'inflation ait montré des signes de ralentissement, la BoE attend des preuves supplémentaires avant d'engager un cycle d'assouplissement monétaire. Les commentaires d’Andrew Bailey renforcent l’idée d’une possible baisse en juin, ou au plus tard en août, contrairement à la Fed qui attend des signaux plus fermes.

Depuis neuf mois, le taux de la BoE reste à 5,25%, le plus élevé en 15 ans. Malgré une inflation réduite à 3,2% en mars, la BoE prévoit un retour à 2%, avec une légère hausse à 2,5% d'ici fin 2024. La croissance du PIB a été plus robuste que prévu, avec une projection révisée à 0,5 % pour 2024.

En parallèle, la Banque centrale européenne (BCE) prévoit une première baisse de ses taux pour la zone euro dès le 6 juin.

En avril, les marchés financiers ont subi une correction notable après un début d'année euphorique, marqué par un assouplissement monétaire plus tardif et progressif (notamment aux États-Unis). D’autres raisons peuvent expliquer ce ralentissement : la réalité des données économiques, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, et des préoccupations persistantes concernant l'inflation aux États-Unis.

Les marchés sont également entrés dans la traditionnelle période de publication de résultats du 1er trimestre. Les publications sont toujours en cours mais les premiers retours ont été plutôt bien accueillis par les investisseurs.

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