Comment financer la biodiversité ?

  • Goodvest
27
June
2024

Importance cruciale de la biodiversité

Pourquoi la biodiversité est-elle importante ?

La biodiversité représente la diversité des êtres vivants et des écosystèmes présents sur terre. Elle englobe la flore, la faune, les bactéries, et bien plus encore. Sans la biodiversité la vie serait très différente. Elle nous fournit des biens et des services écosystémiques essentiels pour notre survie tels que la purification de l’eau, la régulation du climat et la pollinisation des cultures (pour en citer quelques-uns). 

Pour fournir tout ses services, elle repose sur trois niveaux interdépendants : 

  • la diversité génétique (diversité des gènes au sein d’une espèce), 
  • la diversité spécifique (diversité des espèces), et 
  • la diversité écosystémique (diversité des écosystèmes présents sur terre). 

Son importance cruciale était officiellement reconnue lors du Sommet de la Terre de 1992 à Rio, où elle était nommée comme un enjeu planétaire majeur. 

Toutefois, nous assistons aujourd'hui à son déclin alarmant : 75% des milieux terrestres et 40% des écosystèmes marins subissent une forte dégradation. Un million d'espèces sont menacées d'extinction, et le taux de disparition est de 100 à 1000 fois supérieur au taux naturel d’extinction. Les activités humaines, notamment la surpêche, la pollution plastique et l’exploitation intensive des pâturages, sont les principales causes de ce changement. (Source : Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires)

En effet, toutes ces activités néfastes font de la biodiversité une des limites planétaires déjà dépassée. Nous assistons à présent à une détérioration inquiétante : avec un seuil critique à 72% de MSA (Mean Species Abundance, permettant de mesurer de manière concise la santé d’un écosystème), nous en sommes aujourd’hui à 63%. La France, présente dans 5 des 36 points chauds de la biodiversité (un point chaud = une région très riche en espèces mais ayant perdu plus de 70% de sa végétation d'origine), illustre l'urgence de la situation.

Lire aussi : Investissement responsable : L’intégration des limites planétaires

Quelles sont les pressions exercées sur la biodiversité ?

Pour comprendre les pressions exercées sur la biodiversité, il est essentiel d'examiner les cinq facteurs majeurs identifiés par l'IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), l’équivalent du GIEC pour la biodiversité :

  1. Le changement d’usage des terres et des mers : Cela inclut la conversion des habitats naturels en terres agricoles, urbaines et industrielles. Cette pression modifie profondément les écosystèmes terrestres, d'eau douce et marine, affectant ainsi la dimension spatiale de la biodiversité.
  2. La surexploitation des ressources naturelles : La surpêche, la chasse excessive et le commerce illégal d’espèces sauvages sont des exemples de surexploitation qui mettent en péril de nombreuses espèces. Ces activités, souvent non régulées, augmentent le risque d'extinction des espèces et perturbent les écosystèmes.
  3. Le changement climatique : Les émissions de gaz à effet de serre (GES) entraînent des modifications des habitats naturels, une augmentation des températures, des migrations d’espèces et des événements météorologiques extrêmes plus fréquents. 
  4. La pollution : La pollution de l’air, de l’eau et des sols empoisonne les espèces, dégrade leur habitat et perturbe les écosystèmes. Les polluants peuvent avoir des effets à long terme, affectant la santé des écosystèmes terrestres et aquatiques.
  5. Les espèces exotiques envahissantes : L'introduction d'espèces non indigènes peut entraîner la transmission de maladies, la perturbation des chaînes alimentaires et la concurrence avec les espèces locales, modifiant ainsi les équilibres écologiques.

Outre ces cinq facteurs, il faut aussi évaluer l’impact exercé sur la biodiversité dans le temps. Nous distinguons ainsi des impacts à la fois statiques (les effets passés accumulés jusqu’à aujourd’hui) et dynamiques (les effets survenus au cours de l’année). 

Pour en savoir plus sur les différents indicateurs et mesures d’impact, lire aussi : Comment est calculée l’empreinte biodiversité de nos portefeuilles ?

Finance et biodiversité : comment les allier

Face à ce constat, de plus en plus d’outils financiers sont mis en avant pour soutenir la préservation de la biodiversité. Des financements privés et publics sont dégagés dans le but de soutenir des initiatives et des projets bénéfiques à sa protection. Voici un petit aperçu :

Sources de financement

Financement Public

En 2022, 83% des financements pour la biodiversité provenaient de sources publiques (United Nations Environment Programme, 2022). Ces fonds publics incluent les recettes fiscales générales et les impôts dédiés aux initiatives de biodiversité. Les financements peuvent venir de et avoir une portée nationale, régionale ou encore internationale. Par exemple, la France a lancé en 2023 sa stratégie nationale biodiversité 2030, où 1 milliard d’euros de financement doit être fourni par l’Etat. De plus, le Plan d’investissement France 2030, doté de 54 milliards d’euros sur cinq ans, inclut 2 milliards d’euros pour financer la transition agricole et alimentaire. Un autre exemple est l’Union Européenne où le Green Deal Européen prévoit un investissement de 1000 milliards d’euros jusqu’en 2030, incluant des politiques agricoles communes. 

Finalement, les événements internationaux comme COP16 sur la biodiversité ramènent davantage de visibilité et de la réflexion sur la finance et la biodiversité. Lors de la dernière COP, des objectifs ont été fixés pour réduire les subventions néfastes à hauteur de 500 milliards de dollars d’ici 2030 et mobiliser 200 milliards de dollars par an en faveur de la biodiversité, provenant de sources publiques et privées, gérés au sein du Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Malgré ces engagements, les experts estiment qu'il faudrait entre 500 à 700 milliards de dollars par an pour répondre adéquatement aux besoins de financement de la biodiversité. 

Financement Privé

D’autre côté, le financement privé de la biodiversité est plus difficile à mesurer et souvent moins bien comptabilisé. Il peut provenir des contributions des ONG, des organismes philanthropiques, ou des entreprises compensant certains effets dommageables de leurs activités. Des marchés émergent également, comme celui du stockage du carbone dans les forêts et les terres, les obligations ou encore des prêts verts.

En réalité, les financements privés sont souvent faits de concert avec des financements publics à l’instar des partenariats public-privé (PPP). Nous avons également la finance mixte (blended finance) qui contribue considérablement dans l’attraction du capital privé vers les initiatives de développement durable. Dans cette logique, de plus en plus de produits financiers innovants voient le jour, tels que les obligations de performance, les PPP de conservation et les blue bonds. Ces instruments financiers permettent de lever des fonds tout en assurant un retour sur investissement lié à la performance environnementale. Ces stratégies, combinées à des politiques publiques favorisant la préservation des habitats naturels et la restauration des écosystèmes dégradés, peuvent aider à inverser la tendance actuelle et soutenir la biodiversité à long terme.

Mécanisme de financement

Pour mieux comprendre comment finance et biodiversité fonctionnent ensemble, ce graphique montre que les apports en capital peuvent venir des entités comme les ministères, les organismes et les fonds publics ou encore les investisseurs institutionnels. Une fois que ces intermédiaires ont récolté des capitaux, ils se tournent vers des responsables de la mise en œuvre des projets comme des ONG, des organismes bilatéraux et multilatéraux qui ont de l’expertise et des connaissances dans le domaine de la préservation des ressources naturelles. Ce travail collaboratif passe par des instruments et mécanismes de financements divers. Attention, la liste est longue, ce ne sont que quelques exemples des instruments existants !

Les produits financiers disponibles

Les instruments financiers utilisés dans le cadre du financement de la biodiversité sont variés et comprennent :

  1. Obligations vertes et bleues :some text
    • Les obligations vertes sont des titres de créance émis pour financer des projets respectueux de l'environnement, incluant des initiatives de biodiversité. A ce jour, les différentes entités ont émis plus que 2 500 milliards de dollars d’obligations vertes. Source : Climate Bond Initiative
      De même, les obligations bleues, conçues pour des projets de durabilité des espaces marins et de la pêche, suscitent un intérêt croissant. La première obligation bleue souveraine a été émise en 2018 par la République des Seychelles, levant 15 millions de dollars.
  2. Prêts :some text
    • Les prêts du secteur public ou privé pour les projets de la conservation et de l’utilisation durable de la biodiversité (par exemple : Banque de Territoire).
  3. Capitaux et fonds propres :some text
    • Les investissements en capitaux et fonds propres dans des entreprises respectueuses de l’environnement ou cherchant à réduire les effets néfastes sur la biodiversité (en développant des nouvelles solutions technologiques par exemple). Ces financements sont des initiatives à long terme avec des attentes de rendement financier et d’impact environnemental.
  4. Crowdfunding:some text
    • Cette forme d’investissement met en relation directe les investisseurs avec les porteurs de projets à travers une plateforme en ligne. En effet, chaque investisseur a la possibilité de voir le business plan de projet qu’il a financé. Ce secteur est en pleine expansion et permet aux investisseurs individuels de se réunir et contribuer aux projets bénéfiques à l’environnement.

Pour les mécanismes de financement, on peut distinguer :

  1. Opérations de compensation des atteintes à la biodiversité :some text
    • Ces opérations permettent de compenser les impacts négatifs sur la biodiversité causés par des activités de développement. Les entreprises ou les promoteurs doivent financer des actions de conservation ou restaurer des habitats pour compenser leurs impacts environnementaux.
  2. Incitations positives pour comportements durables :some text
    • Les gouvernements peuvent mettre en place des incitations financières pour encourager les producteurs et les consommateurs à adopter des pratiques plus durables. Cela inclut des subventions, des réductions fiscales ou des primes pour les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, à l’instar des paiements pour services écosystémiques. Ce mécanisme incite les propriétaires de terres à gérer leurs ressources naturelles de manière durable en échange de paiements pour les services écologiques fournis, tels que la séquestration du carbone, la conservation de la biodiversité et de la qualité de l’eau ou encore la protection des bassins versants.
    • Les échanges dette-nature permettent à un pays d'échanger une partie de sa dette contre des engagements de conservation. Ces accords sont souvent facilités par des institutions internationales ou des ONG, permettant de réduire la dette en échange de la préservation des écosystèmes locaux.
  3.  Dons :some text
    • Finalement, les dons constituent des apports financiers non remboursables destinés à soutenir des initiatives spécifiques. Ils sont souvent octroyés par des gouvernements, des philanthropes ou des ONG.

Voir aussi : Goodvest Biodiversité

Biodiversité chez Goodvest

La finance a un rôle prépondérant à jouer dans la préservation et la restauration de la biodiversité. Si nous souhaitons répondre aux enjeux environnementaux actuels, il est crucial de pouvoir adresser à la fois le climat et la biodiversité. Il est donc primordial d'investir dans des entreprises qui, par leurs activités économiques, limitent leur impact sur la biodiversité et mettent en œuvre les bonnes pratiques pour que nos investissements s'alignent sur les limites planétaires. Chez Goodvest, nous prenons en compte l’empreinte biodiversité des entreprises sous-jacentes des fonds (en supplément de l’impact climatique) lors de notre choix des véhicules d’investissement. Notre analyse repose sur le modèle BIA-GBS co-développé par CDC Biodversité et Carbon4 Finance. 

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