Guerre en Ukraine, bouleversement des chaînes d’approvisionnement en raison du Covid, quantitative easing excessif des banques centrales, épuisement des ressources naturelles… La période d’inflation (ou de hausse générale des prix) que nous vivons actuellement est multifactorielle et se traduit par un changement de paradigme économique. Là où auparavant les banques centrales tentaient désespérément de lutter contre la déflation en baissant les taux d’intérêt, elles se trouvent aujourd’hui dans une position inverse : tenter d’enrayer l'inflation en augmentant les taux sans pour autant casser la croissance économique.
Pour les particuliers en quête de placements rentables, il est impératif de tenir compte de cette nouvelle situation économique pour faire les bons choix et tenter de préserver à minima la valeur de leurs patrimoines.
Dès lors, quels sont les meilleurs placements anti inflations ? Pourquoi l’inflation est-elle aussi déterminante dans le choix d’un investissement ?
Avant d’aborder les placements anti inflations viables, il convient de vous planter le décor pour que vous compreniez mieux le pourquoi du comment.
Quel est l’impact de l’inflation sur les marchés financiers et les placements ?
L’inflation est une donnée économique très surveillée par les économistes, les institutionnels et les investisseurs en ce qu’elle les renseigne sur le niveau d’augmentation général des prix. Ainsi, pour une base de monnaie fixe, l’inflation permet de calculer une forme d'affaiblissement de la monnaie (et donc de pouvoir d’achat), mais aussi à partir de quel taux de rentabilité un investissement devient viable économiquement. En effet, si un investissement propose un taux de rentabilité inférieur à l’inflation, il appauvrit théoriquement l’investisseur de sorte qu’il est censé s’en détourner.
Ainsi, de nombreux investissements en période d’inflation perdent en viabilité économique. C’est pourquoi les banques centrales, dépositaires de la mission de maîtriser l’inflation (objectif fixé à 2 % généralement), sont obligées d’intervenir avec les outils dont elles disposent pour maîtriser la hausse générale des prix.
L’augmentation des taux directeurs pour enrayer l’inflation
Sans trop entrer dans les détails, quand une banque centrale veut diminuer l’inflation, elle utilise un levier important : le taux directeur. Il s’agit du taux servant de référence en ce qu’il détermine le “coût” de refinancement des banques commerciales. Mécaniquement, en augmentant les taux directeurs, les banques centrales font monter tous les taux d’emprunt d’une économie : taux des OAT (bons du trésor), taux des crédits à la consommation, taux des prêts immobiliers, etc.
Or, les crédits déterminent la quantité de monnaie en circulation dans une économie (puisque cette dernière est créée à partir de rien grâce aux crédits octroyés par les banques commerciales).
Ainsi, en augmentant les taux d’intérêt (et donc le coût de la monnaie), la demande en crédit diminue et donc la quantité de monnaie en circulation aussi. Cela devrait se traduire théoriquement par une diminution de l’inflation, mais le plus souvent au prix d’une baisse de la consommation et donc de la croissance…
Tout l'enjeu des banques centrales est donc de trouver le juste équilibre tout en conservant leur crédibilité sans saper la croissance. Une tâche particulièrement complexe…
Les effets de l’inflation sur le marché obligataire
L’augmentation des taux d’intérêt du fait d’une réaction à l’inflation a un impact majeur sur le marché des obligations. Les obligations sont une sorte de prêt avec un remboursement à échéance. L'émetteur verse des coupons périodiques aux prêteurs sous la forme d’intérêt dont le taux est généralement fixé à l’avance.
Forcément, si les taux montent, les anciennes obligations perdent en attractivité puisque leur taux d'intérêt est inférieur aux obligations nouvellement émises. Cette préférence pour les nouvelles se traduit par la baisse du prix d’échange des anciennes et donc une moins-value latente pour les vendeurs.
Autrement dit, investir dans des obligations en période d’inflation avec une incertitude sur l’augmentation des taux directeurs est une opération particulièrement risquée.
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Les effets de l’inflation sur le marché actions
Les entreprises elles aussi subissent l’inflation à plusieurs niveaux :
- Leur marge opérationnelle peut diminuer du fait de l’augmentation du coût des matières premières ou des revendications salariales ;
- Le financement bancaire devient plus coûteux du fait de la hausse des taux d’intérêt. Certains investissements dans l’économie réelle perdent donc en faisabilité.
Ces facteurs peuvent impacter la capacité des entreprises à générer des bénéfices et donc à verser des dividendes aux investisseurs. Cela peut donc se traduire par une baisse de leur valorisation.
D’un autre côté, une forte inflation entraîne en effet de déport des investissements du marché obligataire vers le marché des actions, puisque ces dernières sont les seules à proposer une rentabilité espérée supérieure à l’inflation. En effet, les actions d’entreprises sont généralement perçues comme des placements anti inflations surtout pour les entreprises cotées qui jouissent d’un pricing power suffisant (capacité à augmenter leur prix sans diminuer la demande, c’est le cas par exemple des entreprises du secteur du luxe).
Mais attention, l’effet de déport peut suivre un schéma inverse si la rentabilité des obligations, en raison de l’augmentation des taux d’intérêt, surpasse le couple rentabilité risque des actions.
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Pourquoi est-il important d’opter pour des placements anti inflation ?
Il n’y a pas de secrets : si vos avoirs proposent une rentabilité inférieure à l’inflation, leur valeur s’érode mécaniquement avec le temps. C’est pourquoi en matière d’investissement, on raisonne toujours en taux réel c'est-à-dire en faisant la différence entre la rentabilité d’un investissement et le niveau d’inflation effectif sur la période.
Trouver un placement anti inflation viable revient alors à trouver des actifs susceptibles de rapporter plus que l’inflation, avec un un taux réel supérieur à 0 pour préserver à minima la valeur de votre patrimoine.
Quels sont les différents placements anti inflation ou viable en période d’inflation ?
Tant que le taux réel des obligations est inférieur à 0, les actions cotées restent un placement viable en période d’inflation, à condition, comme nous l’avons dit, de privilégier les entreprises ayant un minimum de pricing power. Mais, pour aller plus loin et sélectionner les meilleurs placements anti inflation, il apparaît opportun de bien en comprendre les causes :
- une forte tension sur l’énergie en raison de la crise en Ukraine qui devrait être conjoncturelle (du moins nous l'espérons) ;
- un arrêt de la production dans les usines monde (Chine principalement) du fait de la pandémie avec un dérèglement des chaînes d'approvisionnement. Cette cause est aussi conjoncturelle et devrait revenir à la normale à terme ;
- une raréfaction des ressources fossiles et des matières premières non renouvelables qui pour le coup est une tendance de fond structurelle inévitable du fait de leur exploitation massive et croissante.
Sur les causes conjoncturelles de l’inflation, il existe plusieurs placements spécifiques pour y faire face tels que l’or, les matières premières, l’immobilier locatif ou les placements en actions.
Par contre, sur les problématiques structurelles de l’inflation, il convient de voir au-delà et, selon nous, d’investir dans des solutions alternatives proposant de nouvelles perspectives face aux problèmes à venir. À ces fins, investir dans les énergies renouvelables et les entreprises modernisées pour limiter les émissions de GES (et donc leur consommation d’énergies fossiles) semble via une assurance vie ISR dédiée (par exemple) une véritable opportunité pour faire face durablement aux mécanismes de fonds inflationnistes.
L’or comme valeur refuge
L’or est reconnu depuis tout temps comme une excellente valeur refuge permettant de faire face aux dévaluations monétaires en ce qu’il est ancré dans l’inconscient collectif de nombreuses cultures comme ayant une véritable valeur d’échange. Que ce soit de l’or papier ou physique, il est perçu par les investisseurs comme un placement anti inflation.
Toutefois, sur 10 ans, l’or fluctue du simple au double sans forcément être en accord avec la réalité inflationniste des pays occidentaux. Idem, depuis le retour de l’inflation, sa valeur a tendance à décroître. Autant dire que la corrélation entre cours de l’or et inflation est loin d’être parfaite. L’actif étant sans rendement, acheter de l’or pour se couvrir de l’inflation n’est pas nécessairement une bonne idée quoiqu’en disent de nombreux experts sur le sujet. Libre à vous de vous faire votre propre opinion.
Les matières premières ou comment combattre le mal par le mal
L’une des causes actuelles de l’inflation tient à la hausse des matières premières et plus particulièrement de l’énergie. De manière pragmatique, investir sur ces matières premières via des produits dérivés (turbos, certificats…) ou plus traditionnellement avec des contrats à terme, permet de vous couvrir contre leurs hausses. Théoriquement, vous gagnez alors via ces contrats ce que vous perdez en pouvoir d’achat.
Mais cela reste bien sûr théorique, et il est tout à fait possible en raison des composantes multifactorielles de ces marchés que vous soyez pris à votre propre jeu puisque vous ne savez pas exactement quand l’inflation se calmera ni la part de bulle spéculative issue des effets d’annonce.
Conseil de Goodvest : Spéculer sur les matières premières n’est pas sans poser de questions sur le plan de l’éthique. En effet, si actuellement le pétrole et le gaz se situent à des niveaux records de prix c’est notamment en raison de l’agrégat des actions individuelles de spéculation. Il en découle une hausse artificielle des cours en raison d’une tension anormale de la demande qui contribue à accélérer le phénomène inflationniste. Attention à la chute potentielle…
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L’immobilier locatif, l’indexation des loyers comme solution anti inflation
L’immobilier locatif est une excellente barrière contre l’inflation en raison de deux facteurs principaux :
- l’indexation de l’indice des loyers sur l’inflation qui permet au propriétaire de répercuter l’inflation sur le loyer payé par le locataire ;
- la dévaluation du capital emprunté et des mensualités si votre taux d’emprunt est inférieur à l’inflation.
Cependant, il ne faut pas oublier que l’immobilier est dépendant de la réalité économique des ménages. Si la pression inflationniste conduit les ménages à ne plus être en mesure de payer leurs loyers, un investissement initialement juteux peut conduire certains propriétaires au surendettement, et éventuellement créer un effet domino sur le marché immobilier dans son ensemble. D’ailleurs, la loi sur le Pouvoir d’achat vise précisément à plafonner le mécanisme d’indexation des loyers sur l’inflation pour limiter l’effet d'emballement.
De même, comme nous l’avons vu, l’inflation implique un resserrement monétaire se traduisant par une augmentation des coûts du crédit et des règles d’octroi plus strictes. Cela pourrait affecter à terme le dynamisme du marché de l’immobilier.
Au demeurant, à défaut d'acheter en cash et si vous ne pouvez pas envisager un investissement locatif en nom propre pour vous couvrir contre l’inflation, vous pouvez vous orientez vers la pierre papier (SCPI, OPCI, SIIC), plus facile d’accès et moins engageante sur le temps long.
L’assurance vie ISR pour investir dans l’économie de demain et contourner les causes inflationnistes
Comme nous l’avons dit, il y a aussi une cause structurelle à l’inflation : l’épuisement des ressources naturelles qui, dans le paradigme actuel, ne peut que s’accentuer.
La bonne stratégie de placement anti inflation à long terme serait donc de parier sur les entreprises capables de proposer des solutions à ce problème (énergies alternatives, recyclage, valorisation des déchets…) et/ou capables de produire de la manière la plus efficiente (beaucoup avec peu de ressources et de préférence renouvelables). En bref, privilégier les entreprises proposant le meilleur modèle de résilience.
Mais, on vous l’accorde, constituer un portefeuille d’actions soit même avec de telles contraintes paraît mission impossible.
C’est pourquoi, chez Goodvest, nous avons créé la première assurance ISR compatible avec l’accord de Paris vous permettant d’investir dans des ETF ESG et des fonds ISR sélectionnés avec le plus grand soin pour vous protéger contre le greenwashing.
Une solution facile d’accès proposant des avantages fiscaux pour investir de manière responsable et durable tout en se couvrant contre l’inflation.