Les particuliers disposent aujourd’hui de pléthore d'outils pour faire de la spéculation en bourse. Entre les brokers en ligne et les banques en ligne proposant des comptes titres permettant de passer des ordres "instantanés", il peut être tentant de vouloir faire fructifier son épargne en spéculant en bourse. Cela est d’autant plus vrai que dans l’inconscient collectif, la spéculation boursière rime souvent avec argent facile à qui sait saisir les opportunités au bon moment. Mais, dans la réalité, la spéculation en bourse montre un tout autre visage à la plupart des particuliers qui tentent l’aventure…
Comment fonctionne la spéculation en bourse ? Quelles différences entre investir et spéculer ? Quels sont les risques pour les particuliers ? Existe-t-il d’autres alternatives rentables pour votre épargne ?
On vous explique tout sur la spéculation boursière !
Avant d’entrer dans le vif du sujet, mieux vaut se mettre d’accord ce qu’on appelle spéculation boursière.
Qu’est-ce que spéculer en bourse ?
Spéculation boursière définition
Spéculer en bourse consiste à acheter et/ou vendre des produits financiers sur les marchés financiers dans le but d’en tirer un profit, le plus souvent sous la forme d’une plus-value.
En d’autres termes, lorsque vous achetez une action en bourse dans le but plus tard de la revendre plus chère, vous faites de la spéculation.
Mais, la spéculation boursière dans son sens commun prend une dimension plus intense en ce qu’elle cherche à multiplier les sources de profits à court terme, en achetant et vendant une multitude d’actifs parfois en une journée. C’est ce qu’on appelle le daily trading (ou trading au jour le jour).
Ainsi, spéculer en bourse s’oppose alors à l'investissement à long terme sur les marchés financiers.
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Quelle est la différence entre la spéculation boursière et l’investissement en bourse ?
Au regard de la définition précédente, la notion d’investissement ne peut que rentrer en opposition avec la spéculation boursière.
En effet, l’investissement se définit comme la mise à disposition de capitaux à une entreprise ou une organisation dans le but d'acquérir des moyens de production (et donc de produire de la richesse).
Ainsi, tout comme le spéculateur, l’investisseur peut capter un profit de son opération, mais il sera en partie lié à la performance économique de l’entreprise.
Mais qu’en est-il de l’investissement en bourse ? Est-ce que lorsque vous achetez des actions en bourse vous investissez directement dans l’appareil productif de l’entreprise ?
À vrai dire ce n’est pas exactement le cas : lorsqu’un particulier investit en bourse, il achète des actions sur le marché secondaire à d’autres investisseurs ou à d’autres spéculateurs. Son argent ne va pas directement dans l’économie réelle (dans les poches de l'entreprise émettrice des actions).
Par contre, en achetant des titres financiers et en les conservant, vous contribuez à faire monter la valeur de ces derniers. Si l’entreprise souhaite alors lever de nouveaux capitaux pour investir, elle pourra exiger un prix par action plus élevé et donc maximiser les gains de son opération pour investir plus et faire croître son appareil productif.
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Ainsi, investir en bourse et spéculer en bourse tiennent principalement à une différence de comportement. L’investisseur en bourse cherchera à conserver ses titres pendant une certaine durée, car il croit notamment au projet de l’entreprise, tandis que le spéculateur cherchera généralement des profits à court terme. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle un spéculateur va notamment s'orienter sur des produits dérivés permettant de multiplier les opportunités de gains à court terme.
Comment faire de la spéculation en bourse ?
Autant vous le dire tout de suite, faire de la spéculation en bourse quand on est un particulier non initié fait courir un risque énorme sur votre épargne, nous ne vous encourageons pas dans cette voie-là (sachez qu’il y a bien d’autres manières de faire fructifier votre épargne et de manière vertueuse qui plus est !).
Au demeurant, nous allons quand même vous expliquer comment fonctionne la spéculation boursière dans les grandes lignes.
Le daily trading
Les particuliers qui spéculent en bourse font généralement ce que l’on appelle du daily trading. Cette pratique consiste à se fixer un horizon très court (une journée environ) pour acheter et revendre des actifs financiers. Le but est donc de générer une plus-value sur un laps de temps très court en surfant sur les tendances des marchés les plus volatils.
Afin de tenter de prédire le cours de chaque actif et de donner du sens aux arbitrages effectués, les daily trader vont utiliser deux méthodes d’analyse : l’analyse technique et l’analyse fondamentale.
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L’analyse technique et fondamentale des marchés
L’analyse technique est une méthode d’analyse basée sur les statistiques et plus spécifiquement sur le comportement des cours. Elle consiste généralement à tirer des conclusions à partir des graphiques en utilisant des outils statistiques tels que les moyennes mobiles ou le tracé de lignes de résistance. Loin d'être une science exacte, l’analyse technique est perçue par certains spécialistes comme l’expression de plusieurs biais cognitifs permettant de rassurer le spéculateur dans ses prises de décision.
De l’autre côté, il y a l’analyse fondamentale qui consiste à recueillir l'ensemble des informations “chaudes” (actualités) et “froides” (bilans comptables, comptes de résultat, perspectives de marché…) qui pourraient avoir un impact sur la cotation des actifs. Il est par exemple aisé de penser que la découverte d’un vaccin covid 19 tirent vers le haut le cours de l’entreprise propriétaire du brevet. Le spéculateur va donc détecter ces informations vectrices de tendances pour prendre position et essayer de générer une plus-value.
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Les instruments financiers pour faire de la spéculation en bourse
Se contenter de trader des actions cotées et des obligations n’est souvent pas suffisant pour faire de la spéculation en bourse. Ces actifs manquent parfois de volatilité à court terme et n'offrent pas assez de diversité pour générer des opportunités de gains.
C’est pourquoi la spéculation en bourse implique souvent d’acheter et de vendre des produits dérivés, qui sont des contrats financiers portant sur un actif sous-jacent. La plupart d'entre eux permettent au spéculateur de “prendre un pari” (CFD et Turbo) ou de jouer sur la variation de valeur d’un actif physique sans avoir à le détenir (contrat à terme ou Futures). De plus, les pourvoyeurs de ce type de produits dérivés proposent des mécanismes d’effet levier pour multiplier les gains du spéculateur (mais aussi les pertes).
La tentation de l’effet de levier en bourse
Permettant de multiplier sa plus-value jusqu’à 100 (généralement), l’effet levier est un instrument de crédit permettant au spéculateur de miser une somme supérieure à ses capacités. Ainsi, si le trader a une certitude quant à la valeur future d’un actif, il sera tenté de maximiser son effet levier pour encaisser le plus le gain possible. Par exemple, avec un effet levier de 100, au lieu de gagner 10 euros vous gagnez 100 x 10 soit 1 000 euros.
Mais, quand les choses tournent mal, l’effet levier peut exposer le spéculateur à devoir rembourser sa contrepartie au-delà de son investissement initial. Certains particuliers se sont alors déjà retrouvés en procédure de surendettement à cause de l’utilisation mal maîtrisée d’effets leviers sur des CFD (produit financier permettant de parier sur la hausse ou la baisse de la valeur d’un actif sous-jacent).
Est-il possible pour un particulier de faire fructifier son épargne en spéculant en bourse ?
Lorsque l’on parle de ceux qui ont réussi grâce à une telle méthode, votre premier réflexe devrait être de vous intéresser à ceux qui ont échoué avec cette même méthode. En effet, certaines personnes gagnent au Loto, mais est-ce représentatif de l’échantillon total des joueurs du Loto ?
Se poser ce type de question revient à battre en brèche le biais cognitif des survivants, où notre cerveau aura tendance à surévaluer les chances de succès en observant uniquement ceux qui ont réussi.
Dès lors, il y a très certainement des particuliers qui ont fait fortune avec de la spéculation en bourse, mais deux questions restent en suspens :
- Combien ont échoué en faisant comme eux ?
- Est-ce que leur réussite tient à un talent et une technique particulière ou uniquement au hasard (quand bien même ils prétendraient l’inverse) ?
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Efficience des marchés financiers, biais cognitifs et spéculation : un mauvais mélange ?
Ce questionnement sur la part d'aléatoire dans une décision spéculative a été très largement traité par la recherche en économie et en finance. Entre l’étude des biais cognitifs sources d'irrationalité dans les prises de décision et la théorie sur l’efficience des marchés, de nombreuses études battent en brèche l’idée qu’un spéculateur talentueux serait en mesure de prédire l’évolution des cours futurs pour en tirer des profits réguliers (c’est-à-dire battre le marché)..
En effet, de plus en plus d’acteurs du secteur estiment que les marchés financiers sont efficients de sorte que les cours de chaque actif intégreraient l’ensemble des données disponibles. En bref, il en découle que l'évolution future d’un cours boursier relèverait du hasard (ou du moins ne serait pas anticipable par les acteurs du marché).
Sur ce point, de nombreuses études empiriques (l’étude SPIVA par exemple) démontrent que la plupart des gestionnaires d’actifs n’arrivent pas à battre leur indice de référence, ce qui témoigne à demi-mot que même les professionnels ont des difficultés à prendre les bonnes décisions en matière de spéculation et d’investissement.
Nous vous laissons alors imaginer la capacité d’un particulier néophyte à prendre les bonnes décisions pour spéculer en bourse…
Spéculer en bourse : une prise de risque très élevée
De facto, spéculer en bourse quand on est particulier fait courir un grand risque pour votre épargne. D’ailleurs, selon une étude menée par l’AMF en date du 13 octobre 2014, plus de 89 % des particuliers faisant de la spéculation sur des CFD sont perdants. Le résultat moyen négatif des participants s’élevait à 10 887 euros pour un résultat médian négatif de 1 843 euros (50 % des spéculateurs en CFD de l’étude ont perdu plus que 1 843 euros).
Certes, cette étude ne concerne que les CFD, mais ces produits dérivés, en ce qu’ils permettent de parier sur la hausse ou la baisse, sont particulièrement prisés par les spéculateurs particuliers en raison de leur simplicité et de la possibilité de souscrire un effet levier pour multiplier les gains.
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Un coût de gestion important
L’autre point rendant la spéculation boursière peu rentable pour votre épargne tient au coût de gestion de votre portefeuille. Certes, vous n’assumez pas directement ce coût puisque vous investissez votre temps dans la gestion de vos trade, mais votre temps a une valeur !
Autrement dit, il y a un véritable coût d'opportunité : le temps que vous passez à trader est autant de temps que vous ne passerez pas à “travailler” ou à vos loisirs.
Ainsi, pour mesurer la rentabilité de votre activité de daily trader, il est impératif d’intégrer le temps passé et de lui donner une valeur économique (la rémunération horaire de votre travail par exemple) et vérifier ainsi si vos gains permettent de rémunérer le temps consacré.
Vous verrez que dans la plupart des cas, quand bien même vous seriez en veine, il est très difficile de tirer un revenu décent au regard du temps investi. Bien sûr, ceux qui ont réussi (ou gagnent à vous voir échouer) vous diront l’inverse…
La spéculation boursière est-elle dangereuse pour la société ?
La spéculation boursière est un maillon essentiel de l'écosystème d’un marché. Lorsqu’elle est bien encadrée, elle peut avoir des effets bénéfiques sur les marchés financiers en améliorant la liquidité notamment. Cependant, elle peut également engendrer des conséquences sociales et économiques néfastes, notamment lorsqu’elle est pratiquée de manière excessive ou non régulée. Pour bien comprendre ces effets, il est important de différencier l'utilité sociale de la spéculation et ses risques potentiels de déstabilisation.
Conseil de Goodvest : Il faut bien comprendre que si la spéculation financière n'avait que des effets négatifs, elle serait interdite depuis longtemps. C’est son ambivalence qui rend son encadrement complexe et lui permet, encore aujourd’hui, de générer certains effets délétères et d’accentuer les crises.
La spéculation boursière a-t-elle une utilité sociale ?
La spéculation joue un rôle crucial dans les marchés financiers, en particulier pour la gestion des risques. Les spéculateurs prennent des positions risquées dans l'espoir de réaliser des profits, mais en le faisant, ils fournissent une contrepartie essentielle à d'autres acteurs économiques qui cherchent à se protéger des fluctuations de prix.
Prenons l'exemple d'un agriculteur qui cultive du blé. Il ne sait pas à quel prix il pourra vendre sa récolte la saison prochaine. Pour se protéger contre une chute des prix, il peut signer un contrat à terme avec un spéculateur. Grâce à ce contrat, l'agriculteur garantit le prix de vente de son blé à l'avance, ce qui sécurise ses revenus, tandis que le spéculateur prend le risque que le prix du blé fluctue. Si le prix monte, le spéculateur fait un profit, mais si le prix baisse, c'est lui qui subit la perte. Cette dynamique permet aux agriculteurs, et à d’autres producteurs, de se concentrer sur leur activité sans se soucier des fluctuations du marché.
Ainsi, en prenant des risques que d'autres ne souhaitent pas ou ne peuvent pas prendre, les spéculateurs jouent un rôle essentiel dans la liquidité des marchés et la gestion des risques. Cela contribue à un bon fonctionnement des marchés financiers et à la stabilité économique de secteurs comme l'agriculture ou l'industrie.
Spéculation et déstabilisation financière
Malgré son rôle essentiel, la spéculation boursière peut également entraîner des conséquences dramatiques lorsqu'elle échappe à tout contrôle. L’un des exemples les plus emblématiques de la déstabilisation causée par la spéculation est la crise de la dette souveraine en Grèce en 2009. À cette époque, des spéculateurs ont massivement parié sur la baisse de la solvabilité du pays en achetant des Credit Default Swaps (CDS), qui sont des instruments permettant de parier sur l'incapacité d'un État à rembourser sa dette.
Ces paris spéculatifs ont accentué la panique sur les marchés financiers, provoquant une hausse vertigineuse des taux d’intérêt sur la dette grecque. Résultat : la Grèce a dû recourir à des plans de sauvetage massifs de la part de l'Union Européenne et du FMI, ce qui a plongé le pays dans une crise économique et sociale durable. Cet exemple illustre comment des comportements spéculatifs peuvent amplifier les difficultés financières d’un pays, conduisant à des conséquences désastreuses pour l'économie et la population locale.
Est-il possible de contenir les risques spéculatifs ?
Limiter l’impact négatif de la spéculation sur les entreprises et les États est un enjeu crucial pour maintenir la stabilité économique mondiale. Plusieurs pistes peuvent être envisagées pour contenir les risques liés à la spéculation :
- Régulation des produits dérivés : Une meilleure régulation des produits financiers complexes, comme les CDS ou les CFD, pourrait réduire les risques d’effondrement. Cela inclurait des exigences de transparence accrues et des plafonds sur les niveaux d'effet de levier utilisés dans ces instruments.
- Taxe sur les transactions financières : La mise en place d’une taxe sur les transactions financières (souvent appelée taxe Tobin) découragerait la spéculation à très court terme en augmentant le coût des transactions. Une telle mesure pourrait réduire le volume de trading spéculatif tout en stabilisant les marchés.
- Encadrement des fonds spéculatifs : Les fonds spéculatifs (hedge funds) sont souvent des acteurs majeurs de la spéculation. Les soumettre à des règles de transparence et à des obligations de capital plus strictes permettrait de limiter les risques qu'ils posent au système financier.
- Coopération internationale : Pour limiter l’impact global de la spéculation, il est essentiel d’harmoniser les régulations financières à l’échelle internationale. Sans cette coopération, les spéculateurs pourront contourner les lois d’un pays en se tournant vers des juridictions plus laxistes.
Comment faire fructifier son épargne sans spéculer en bourse ?
Heureusement, la spéculation boursière n’est pas la seule option pour faire fructifier votre épargne. Certes, les autres méthodes peuvent être moins excitantes et ne vous promettent pas l’impossible, mais elles ont le méritent de fonctionner et de vous proposer un rendement satisfaisant (entre 4 et 8 % par an de rentabilité espérée) au regard du paradigme économique dans lequel nous vivons.
La meilleure manière pour un particulier de faire fructifier son épargne en limitant sa prise de risque reste d’investir de manière diversifiée en bourse sur le long terme pour supprimer notamment les risques de volatilité à court terme. L’idée est d’investir de manière diversifiée dans différents secteurs d’activités afin de répartir le risque de votre portefeuille sur une large gamme d'actifs. Pour ce faire, vous pouvez par exemple :
- investir dans des fonds d’investissement et des ETF via une assurance vie en gestion pilotée ;
- combiner cette dernière avec un PEA pour cumuler les avantages fiscaux en découlant.
Lire aussi : Comment bien cumuler assurance vie et PEA ?
Aussi, si vous êtes soucieux de l’impact environnemental de votre épargne comme 76 % des Français, vous pouvez vous orienter vers une assurance vie ISR compatible notamment avec les objectifs de l’accord de Paris.
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