Du côté de l’investissement responsable
Directive sur le devoir de vigilance enfin votée : un accord crucial pour la finance verte
Une avancée majeure vient de secouer le paysage européen : l'adoption de la directive sur le devoir de vigilance en matière de développement durable. Cette directive, longtemps controversée, a finalement abouti à un consensus entre les États membres de l'Union européenne, après plusieurs tentatives infructueuses.
Cet accord, piloté par la présidence belge, a cependant entraîné une nouvelle réduction de la portée du texte. Initialement prévu pour s'appliquer à un plus large éventail d'entreprises, il a finalement été restreint aux sociétés d'au moins 1 000 employés réalisant un chiffre d'affaires d'au moins 450 millions d'euros. Cette réduction a été faite au détriment des seuils proposés par le Parlement européen, reflétant ainsi une tentative de compromis entre les différentes parties prenantes.
Les réactions à cet accord sont mitigées. Si certains saluent cette avancée comme un pas dans la bonne direction, d'autres expriment des préoccupations quant à ses implications pour les PME et les grandes entreprises. Des voix se sont élevées pour dénoncer les contraintes bureaucratiques et les risques de désavantage concurrentiel pour les entreprises européennes.
Cependant, les défenseurs de la directive soulignent que des mesures ont été prises pour atténuer les préoccupations des entreprises, notamment en excluant explicitement les PME du champ d'application de la loi. De plus, des mécanismes de soutien ont été intégrés pour aider les PME à se conformer aux exigences de vigilance. Des études, telles que celles de l'OCDE et de la Commission Européenne, ont également montré que les entreprises soumises au devoir de vigilance seraient économiquement plus résilientes et mieux préparées à affronter les risques stratégiques.
Climateflation : le lien causal entre le dérèglement climatique et l’inflation ?
Les marchés agricoles sont confrontés à une série de défis sans précédent, exacerbés par le changement climatique et les événements météorologiques extrêmes tels qu'El Niño. Cette volatilité affecte directement l'inflation, comme le montrent les variations significatives des prix des matières premières agricoles. Par exemple, nous avons observé une envolée de 61 % des cours du cacao, de 63 % du café, une chute de 31 % du prix du maïs et un recul de 15 % pour le soja.
La Banque centrale européenne (BCE) reconnaît désormais le lien entre lutte contre le changement climatique et inflation, en introduisant le concept de "climateflation". Cette prise de conscience met en lumière l'importance croissante des matières premières agricoles dans les tensions inflationnistes actuelles et futures.
Les économistes et les investisseurs portent désormais un intérêt accru aux matières premières agricoles, en raison de leur impact sur l'inflation. La récente volatilité des prix, notamment due à des événements météorologiques imprévisibles et à des perturbations sur les marchés mondiaux, souligne l'importance de suivre de près ces marchés.
La décrue des prix observée récemment, notamment pour le maïs et le soja, est le résultat de divers facteurs, y compris des perspectives de récoltes plus abondantes dans certains pays producteurs. Cependant, cette baisse des prix pourrait être temporaire, car les conditions météorologiques extrêmes telles qu'El Niño pourraient à nouveau perturber les marchés agricoles.
Le recul des émissions de CO2 en France
Une nouvelle encourageante pour la France : une baisse significative de 4,8% des émissions de gaz à effet de serre en 2023 par rapport à l'année précédente*. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qualifie cette diminution de "record", soulignant qu'elle équivaut pratiquement à la totalité de la baisse enregistrée sur une période de cinq ans entre 2012 et 2017. Cependant, malgré cette avancée, la France doit encore redoubler d'efforts pour atteindre ses objectifs climatiques à l'horizon 2030, notamment une réduction de 34 % des émissions par rapport à 2022, soit une diminution de 5 % par an, afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050.
Divers secteurs contribuent à cette baisse des émissions, avec notamment des réductions observées dans le bâtiment et l'industrie. Pourtant le transport demeure un défi majeur pour la décarbonation avec une baisse de seulement de 2% et le secteur aérien qui voit ses émissions exploser (une hausse de 21 % pour les vols domestiques et 27 % pour les vols internationaux). L'impact de facteurs conjoncturels, tels que les conditions climatiques clémentes de l'hiver 2023, est également souligné, ainsi que la baisse de l'activité économique dans les secteurs les plus énergivores.
Une comparaison est faite avec l'Allemagne, qui a également enregistré une baisse significative de ses émissions en 2023, principalement attribuée à une réduction de la production dans les secteurs industriels suite à la guerre en Ukraine.
*Attention, les émissions de CO2 importées ne sont pas prises en compte dans la communication réalisée par le gouvernement français.
Du côté de l’économie et des marchés
Assouplissement monétaire en zone euro ?
La perspective d'un assouplissement monétaire au sein de la zone euro a captivé l'attention des marchés financiers, suscitant des débats sur les implications pour l'avenir économique de la région.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a laissé entrevoir des baisses de taux directeurs dans les prochains mois, ce qui a été interprété comme un signe de changement de cap dans la politique monétaire de la BCE.
Les marchés anticipent jusqu'à quatre baisses des taux directeurs en 2024, ce qui reflète une hypothèse partagée par certains banquiers centraux. Cette perspective a été soutenue par des commentaires de gouverneurs de banques centrales nationales, notamment Yannis Stournaras de la Banque de Grèce, qui préconise deux baisses avant août.
Cependant, malgré ces signaux, la BCE reste prudente dans ses actions et évite de fournir une guidance claire sur ses décisions futures. Bien que certains gouverneurs, comme François Villeroy de Galhau de la Banque de France, envisagent une première baisse des taux d'ici la fin du printemps, d'autres insistent sur la nécessité de prendre son temps pour évaluer les données économiques disponibles.
Et les autres pays ?
La récente décision de la Banque du Japon (BoJ) de mettre fin à sa politique de taux négatifs après huit ans a marqué un tournant significatif dans le paysage financier. Pendant ce temps, la Réserve fédérale américaine reste sur le point de maintenir sa politique monétaire inchangée, malgré les inquiétudes croissantes liées à l'inflation. Les investisseurs scrutent attentivement les signaux émis par la Fed, se demandant si elle pourrait ajuster ses ambitions de baisse des taux pour faire face à la persistance de l'inflation.
Ces baisses de taux devraient favoriser les marchés financiers et notamment les valeurs de croissance, sensibles aux mouvements sur les taux d’intérêt. C’est notamment le cas des valeurs liées à la transition écologique.
Le déficit budgétaire de la France
La prévision d'un déficit public supérieur à 5% du PIB en 2023 compromet sérieusement la crédibilité du gouvernement français. Avec des engagements de réduction du déficit déjà manqués, la France risque de voir sa note souveraine dégradée par les agences de notation. Cette dégradation pourrait entraîner une augmentation des coûts d'emprunt pour le pays, exerçant ainsi une pression supplémentaire sur ses finances publiques déjà fragiles.
Face à la dégradation des comptes publics, le gouvernement français est contraint de trouver des moyens de réduire les dépenses sans augmenter les impôts. Cela nécessite des coupes budgétaires significatives, touchant principalement des secteurs clés tels que l'écologie, l'emploi et l'enseignement supérieur. Malgré ces mesures d'austérité, l'objectif de réduction du déficit reste un défi majeur pour l'exécutif.